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L'échec de l'UDC fait la Une de la presse romande

Election au Conseil fédéral du 14 décembre 2011: revue de presse
"Le Parlement a entériné un changement spectaculaire dans un contexte politique bouleversé", écrit Pierre Ruetschi dans la Tribune de Genève.
"L'UDC rate son coup de force", "Tout ça pour ça", "Berset ou la victoire du gendre politique idéal", voilà les titres de la presse romande au lendemain de l'élection du Conseil fédéral. Les journaux se montrent très critiques envers la stratégie de l'UDC et saluent par ailleurs l'arrivée d'Alain Berset au gouvernement.

"La fusée Berset et les missiles", voilà le titre de l'éditorial de La Liberté, qui souligne "l'incroyable destinée" du nouveau conseiller fédéral fribourgeois. "Alain Berset incarne et conforte la fierté retrouvée d'un canton longtemps terré dans ses particularismes à qui tout sourit désormais", estime Louis Ruffieux.

"Une sérénité et une maturité impressionnantes"

Alain Berset, quatrième ministre fribourgeois, a montré "une sérénité et une maturité impressionnantes", dont la trajectoire est semblable à celle d’un "missile" au vu de son jeune âge, souligne le quotidien fribourgeois.

Evoquant l'échec de l'UDC, Louis Ruffieux parle des "tirs étrangement désordonnés des missiles" du parti de Christoph Blocher. "On attendait la manœuvre du grand stratège, on ne vit que l'artilleur bigleux de la "Grande Vadrouille"". "L'UDC a eu quatre ans pour préparer la reconquête de son deuxième siège. Or, ce ne fut que cafouillis de dernière minute". A se demander si le parti voulait préserver "son capital de protestation et d’opposition".

"Prédestiné au poste"

"Le sacre d'une logique de coalition", résume Thierry Meyer dans 24 heures, qui salue un Alain Berset "brillamment élu au Conseil fédéral, au deuxième tour déjà, avec une confortable avance sur son rival de parti, Pierre-Yves Maillard" et "prédestiné au poste".

Un "vote limpide", qui "a conclu, de manière symbolique, une matinée marquée par la logique implacable d'un Parlement bien décidé à reprendre les choses en main". Les stratèges de l'UDC "paient au prix fort leurs récents errements". "La concordance arithmétique est morte", conclut Thierry Meyer.

"Un combat pathétique et perdu d'avance"

"Le statu quo qui peut tout changer", écrit Pierre Veya dans Le Temps, soulignant le paradoxe de la démocratie suisse qui veut que le statu quo soit un changement. "Le statu quo est un tournant qui peut renforcer ou rendre plus instable un système dans un contexte économique qui s'annonce à hauts risques", prévient-il.

Revenant sur la stratégie de l'UDC, Pierre Veya note que le parti a été "incapable de présenter des candidats incontestés", relevant les "innombrables sottises commises par la plus grande formation politique" du pays. "Hier, l'UDC a donné d'elle-même une image de poulet sans tête, lançant Jean-François Rime dans un combat pathétique et perdu d’avance".

Par ailleurs, l'éditorialiste du Temps salue la carrière "brillante et exemplaire" d'Alain Berset et estime que "l'échec de Pierre-Yves Maillard sanctionne, lui, trop durement un homme dont tout le monde reconnaît l'envergure et la classe".

"Un changement spectaculaire"

"Le hara-kiri de l'UDC", écrit Pierre Ruetschi dans la Tribune de Genève en préambule à son éditorial où il relève que sous des airs de statu quo, "le Parlement a entériné un changement spectaculaire dans un contexte politique bouleversé".

"En validant cette configuration exotique où le plus grand des partis et le minuscule PBD pèsent d'un même poids au gouvernement, les parlementaires ont brisé les lois de l'équilibre". "Et la concordance, invoquée et réinventée jusqu'à l’écoeurement par l’ensemble des partis, est morte hier; jusqu'aux prochaines élections du moins", conclut Pierre Ruetschi.

"Une impression d'improvisation"

"Tout ça pour ça", titre Le Matin, qui, dans son éditorial, critique toute l’agitation qui a précédé l'élection pour au final aboutir à un "statu quo qui a remporté une mise bien aléatoire". "Plus personne ne s'accorde sur la définition de la concordance", s'inquiète Sandra Jean. "Les manœuvres de ces dernières semaines donnent une fâcheuse impression d'improvisation, voire pire, de petites magouilles entre amis".

"Reste maintenant à établir de nouvelles règles, au risque sinon de lasser le peuple qui pourrait préférer s'arroger cette responsabilité d'élire lui-même son conseiller fédéral, plutôt que de continuer à assister à ce remue-ménage peu glorieux et si peu transparent", conclut Sandra Jean.

"La montagne a accouché d'une souris"

"Tout ça pour ça", voilà aussi le titre de l’éditorial L'Express. Nicolas Willemin évoque lui aussi des semaines pré-électorales promettant une "élection du Conseil fédéral de tous les dangers", avec "coups fourrés, retournements d'alliances, interruptions de séances, non-réélections quasiment à la pelle". "Mais la montagne a accouché d’une souris: les six conseillers fédéraux ont tous été réélus au premier tour et le successeur de Micheline Calmy-Rey a été désigné en deux tours. Pas de quoi fouetter un chat".

L'éditorialiste de L'Express évoque aussi l’échec de l'UDC, soulignant que le parti "n'a en fait réussi qu'à se mettre à dos tous ses partenaires potentiels avec ses candidatures bricolées au lendemain de sa défaite électorale du 23 octobre". Revenant sur l’élection d'Alain Berset et la défaite de Pierre-Yves Maillard, Nicolas Willemin note qu'elles montrent "bien que l'intelligentsia politique fédérale préfère de loin le bon élève qui s'est préparé consciencieusement sur les bancs du Parlement au trublion qui accepté de mettre les mains dans le cambouis de la gestion cantonale".

"Ils n'arrêtent plus de perdre"

"L'UDC: Berne en... berne!", écrit de son côté Jean-François Fournier dans Le Nouvelliste, qui relève que l'UDC est peut-être le premier parti de Suisse, mais il est "bon dernier de classe en cours de stratégie politique".

De plus, "depuis le début de l'automne, ils (les agrariens) n'arrêtent plus de perdre, qui plus est sans la moindre réaction d'une direction à l'évidence dépassée par cette spirale négative". La campagne de l'UDC était "mal préparée", analyse Le Nouvelliste.

"Magistrale déculottée de l'UDC"

"L'UDC défaite", analyse Le Quotidien Jurassien dans son éditorial, notant que "c'est moins la brillante élection d'Alain Berset que la magistrale déculottée de l'UDC qui restera de la fédérale matinée d'hier". L'UDC "a une nouvelle fois raté sa cible. La Suisse n'a heureusement rien perdu", écrit Rémy Chételat, soulignant l'échec d'une UDC "esseulée" qui "ne fait plus peur".

Revenant sur le statu quo décidé hier par le Parlement, l'éditorialiste du Quotidien Jurassien estime qu'il s'agit "certainement de la meilleure formule, même si elle a perdu de sa magie". "Pour résoudre les multiples équations à multiples inconnues qui l'attendent, l'exécutif du pays a davantage besoin de cohérence et de stabilité que de concordance arithmétique", conclut-il.

"Un accident peut vite arriver"

"Le Parlement très sûr de lui", note François Schaller dans L’Agefi, soulignant que son refus d’accorder un deuxième siège à l'UDC survient alors même que le plus grand parti de Suisse est en train de récolter des "signatures avec une initiative pour l’élection du Conseil fédéral par le peuple".

"Un accident peut vite arriver", prévient le quotidien économique: "de même que bien des socialistes ont toujours rêvé d’un changement de régime en Suisse, le parti populaire est prêt à remettre en cause les grandes institutions. Un seul élément, comme l'élection du gouvernement par le peuple précisément, pourrait servir de déclencheur", avertit François Schaller. Mais "il est toutefois peu vraisemblable à ce stade qu'un changement de modèle de cette importance soit accepté en vote populaire", conclut-il.

Nathalie Hof

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Outre-Sarine, la presse critique aussi l'UDC et l'échec de sa stratégie

Du côté de la presse alémanique, ce qui préoccupe tous les éditorialistes ce matin, c'est l'état de l'UDC et la fin de la concordance.

Pour le Bund, "Blocher est aujourd'hui face au plus grand défi de sa carrière. Après la débâcle, écrit le journal, l'UDC doit entamer un processus de renouvellement. Si Blocher continue à faire un blocage contre un renouvellement de son parti, alors il finira tragiquement. Celui qui aura tant apporté à l'UDC deviendra celui qui va lui causer le plus de tort."

"Le PS jubile. L'UDC plonge dans la crise" titre la Neue Luzerner Zeitung.

Le Tages-Anzeiger parle lui aussi de débâcle et son éditorialiste met entièrement la faute sur l'UDC. Le parti s'est mis tout seul dans cette situation.

Même Markus Somm, rédacteur en chef de la Basler Zeitung et proche de Christoph Blocher, ne peut rien y faire. Il est obligé d'admettre l'échec des stratèges de l'UDC.

Brutale débâcle pour l'UDC, titre le Blick, qui illustre sa Une avec un Christoph Blocher avec la tête des très mauvais jours. Le journal zurichois constate aussi que l'insurrection menace à l’UDC. Pour le commentateur, le parti a un problème qui se nomme Blocher. (rsr)