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La Suisse, une barque trop pleine?

04 28 surpopulation key [Steffen Schmidt]
Une initiative populaire souhaite limiter la croissance en Suisse pour éviter une surpopulation. - [Steffen Schmidt]
Une initiative populaire s'attaque au problème de la surpopulation suisse en proposant une limitation de la croissance pour éviter des problèmes environnementaux, économiques et sociaux. La presse romande s'intéresse également à la répartition de l'eau en période de sécheresse, ainsi qu'à une main tendue un peu particulière, qui s'adresse exclusivement aux paysans.

La Suisse, une barque trop pleine?

Cette question récurrente est posée par 24 heures et la Tribune de Genève qui évoquent l'initiative populaire "Halte à la surpopulation, pour la préservation durable des ressources naturelles", lancée par le groupe de réflexion Ecopop (association écologie et population). La récolte de signatures doit démarrer la semaine prochaine. Ce texte veut limiter la croissance de la population résidente provoquée par l'immigration à 0,2% sur une moyenne de trois ans. Ecopop se défend de lancer une initiative aux ressorts xénophobes: "nos objectifs sont clairement environnementaux et liés à l'aide au développement. Limiter la population relève d'une question d'aménagement du territoire explique le porte-parole de l'association. Pour Marius Brühlart, professeur d'économie à l'université de Lausanne, les questions structurelles qui sont posées par l'initiative sont légitimes, mais les réponses qu'elle propose sont moins convaincantes. "Se fermer serait contre nos intérêts. En termes d'emplois, de rentrées fiscales et pour le financement des assurances sociales, la vague d'immigration de ces dernières années a été positive", explique le professeur.

Comment se répartir le peu d'eau qui reste ?

Les paysans doivent se battre pour pouvoir arroser leurs cultures à cause de la sécheresse qui frappe l'Europe. La situation est sérieuse mais pas dramatique estime la Fédération suisse des paysans. Les germes de betteraves sucrières ou le maïs pourraient dans certaines régions se dessécher, tandis qu'en matière d'arbres fruitiers, le manque d'eau aura des conséquences sur les récoltes... de l'année prochaine. Seule certitude, le problème de l'eau va devenir récurrent, puisque le réchauffement climatique provoque une hausse de la demande en arrosage. A long terme, les surfaces agricoles arrosées vont être multipliées par sept, estiment les experts. L'Office fédéral de l'agriculture en tout cas prend la chose très au sérieux, écrit le Tages-Anzeiger. Les spécialistes ont imaginé plusieurs scénarios. Mais en Suisse les paysans doivent affronter plusieurs lobbys qui sont eux aussi intéressés par l'or bleu. Les pêcheurs, les sociétés de navigation, les acteurs du tourisme et les associations de protection de l'environnement. Bref, il va falloir partager...

Main tendue pour les paysans

Les paysans, qui se sentent de plus en plus incompris, ont mis en place leur propre ligne d'écoute téléphonique sur le modèle du 143. Depuis 2005 cette ligne est gérée par huit volontaires paysannes. Toutes ont suivi une formation dans la relation d'aide. Pour les paysans, c'est important de parler à quelqu'un qui connaît le métier, explique la directrice de l'agence de presse agricole Agir dans les colonnes de La Gruyère. Les paysans vivent en effet des situations particulières à leur travail où vie privée et vie professionnelle se mélangent. Exigences bureaucratiques, pressions sur les prix, modernisation des exploitations, crises sanitaires sont autant de défis qui pesent sur les épaules du monde agricole. Et pourtant la main tendue paysanne ne croule pas sous les appels: une vingtaine par année depuis sa création. En cause, la pudeur des paysans qui auraient tendance à attendre que la situation soit devenue complètement ingérable avant d'appeler à l'aide.

Le remboursement de l'avortement menacé

Le Matin a interviewé à ce propos l'évangéliste Valérie Kasteler-Budde, co-présidente du comité d'une initiative qui demande que l'avortement ne soit plus remboursé par l'assurance de base. Pour elle, la LAMAL doit servir à financer les soins et la santé, et l'avortement n'est pas un soin. Or les coûts de la santé constituent aujourd'hui un réel problème, ajoute-t-elle, et il faut faire des choix dans le catalogue des remboursements. Les seules exceptions que l'initiative admet sont les cas de viol ou lorsque la grossesse met la vie de la mère en danger. L'évangéliste précise que, d'un point de vue éthique, elle réprouve personnellement l'avortement et qu'elle ne voit donc pas pourquoi elle co-financerait le choix de certaines femmes. Mais lorsqu'il est question de pronostic sur les chances de l'initiative d'être acceptée par le peuple si elle passe en votation, elle se montre prudente... "Du côté des cantons alémaniques, au Tessin, à Fribourg et en Valais nous avons eu beaucoup de succès. Dans le reste de la suisse romande par contre nous avons plus de mal" dit-elle. Le Matin, de son côté, rappelle qu'il aura fallu attendre 30 ans en Suisse pour que le droit à l'avortement soit reconnu. La première initiative populaire pour "décriminaliser" l'avortement avait été lancée en 1971. S'en sont suivis trente ans d'échec jusqu'à ce qu'en 2001 les Chambres fédérales approuvent la dépénalisation de l'avortement pendant les 12 premières semaines de grossesse.

Bientôt un centre Giacometti dans sa vallée natale

Nul n'est prophète en son pays. Cet adage se vérifie encore une fois dans les colonnes de la NZZ. Alors qu'Alberto Giacometti a sa bobine sur les billets de 100 francs suisses, il n'existe aucun lieu d'exposition consacré à son oeuvre et à celle de ses frères dans son village natal de Stampa. La famille Giacometti a grandi et vécu dans le Val Bregalia, une petite vallée alpine italophone du sud des Grisons. C'est là que le sculpteur est aussi enterré. Et depuis sa mort en 1966 l'atelier mythique est fermé. Les nombreux touristes qui viennent dans la vallée sur les traces de Giacometti repartent frustrés. "Pourtant, il y a un grand potentiel touristique autour de l'artiste", estime le vétérinaire Marco Giacometti, un lointain cousin. C'est lui qui, depuis dix ans, tente de convaincre la population de créer un centre culturel dans le Val Bregalia. Une idée qui, au début, n'enthousiasmait pas du tout les citoyens. Mais depuis la fusion des 5 communes de la vallée les esprits bougent. On se rend compte de la nécessité économique d'un tel centre, écrit la NZZ: le Centro Giacometti est devisé à 10 millions de francs. Il pourrait être inauguré le 15 janvier 2016, soit 50 ans exactement après l'enterrement du génial sculpteur.

vkiss, avec Ariane Hasler et Stéphane Deleury, RSR

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