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Les insurgés n'arrivent pas à prendre Brega

Les rebelles se sont retrouvés sous le feu des forces pro-Kadhafi sur la route menant à Brega. [Altaf Qadri]
Les rebelles se sont retrouvés sous le feu des forces pro-Kadhafi sur la route menant à Brega. - [Altaf Qadri]
Malgré l'appui de l'OTAN, les rebelles n'arrivent pas à prendre le contrôle de la ville de Brega et sont la cible de tirs d'artillerie. L'OTAN a toutefois annoncé que près d'un tiers des armes lourdes du dirigeant libyen avaient été détruites par les frappes aériennes internationales.

Les forces de Moammar Kadhafi ont repris l'ascendant mardi dans la ville pétrolière stratégique de Brega, forçant de nombreux rebelles à se retirer.

Les forces pro-Kadhafi ont soumis les insurgés, repliés aux portes de Brega, à des tirs nourris d'artillerie. Aux tentatives rebelles de tirer roquettes et mortiers a répondu un pilonnage intense, qui a poussé de nombreux insurgés à regagner précipitamment Ajdabiya, distante de plusieurs dizaines de kilomètres.

"La situation est très mauvaise, nous ne pouvons rivaliser avec leurs armes", expliquait Kamal Mughrabi, 64 ans, un soldat à la retraite qui a rejoint l'armée rebelle. "Si les avions ne reviennent pas les frapper, nous devrons" battre en retraite.

Appui militaire de l'OTAN

Les insurgés avaient réussi lundi à reprendre une partie de Brega. Les deux camps s'étaient battus jusqu'à la tombée de la nuit, les insurgés se repliant ensuite aux portes de la ville, a déclaré l'officier rebelle Abdel-Basset Abibi. Tôt mardi, un convoi de huit véhicules militaires libyens qui se dirigeaient vers les positions rebelles a été touché par une frappe aérienne de l'OTAN, a précisé Abdel-Basset Abibi.

Deux véhicules ont été atteints et les six autres ont fait demi-tour, emmenant les corps de soldats tués, selon la même source. Malgré cette frappe, les capacités militaires des troupes de Kadhafi engagées dans la bataille de Brega semblaient largement intactes mardi.

Le général néerlandais Mark Van Uhm, un responsable militaire de l'OTAN, a annoncé que les opérations aériennes de l'Alliance avaient permis jusqu'ici de détruire 30% des armes de Kadhafi. Pour la seule journée de lundi, les avions alliés ont mené 14 attaques contre des cibles au sol en Libye, détruisant notamment des radars, des dépôts de munitions et des véhicules blindés.

Nouvelle tactique

Mais l'OTAN a également précisé que les forces de Kadhafi avaient changé de tactique dans la ville assiégée de Misrata (ouest), en positionnant des chars et des équipements lourds dans des zones civiles pour empêcher les pilotes de la coalition de les prendre pour cible.

L'un des fils de Moammar Kadhafi, Saïf al-Islam, a réfuté mardi des informations faisant état d'un délitement du régime après la défection en Grande-Bretagne de l'ancien ministre libyen des Affaires étrangères, Moussa Koussa. Il a toutefois estimé qu'il y aurait "bien sûr" d'autres défections car une partie des hauts responsables sont "vieux et fatigués", et "pas jeunes comme nous", a-t-il dit.

Le régime libyen a de nouveau exclu que Moammar Kadhafi quitte le pouvoir, comme l'opposition le réclame, affirmant que tout changement éventuel de politique devrait être conduit par le chef d'Etat libyen, au pouvoir depuis 1969. "Nous pourrions avoir toutes sortes de systèmes politiques, toutes sortes de changements: la Constitution, des élections, etc., mais le Guide doit en prendre l'initiative", a déclaré lundi soir le porte-parole du gouvernement Moussa Ibrahim.

Premier chargement de pétrole

Un pétrolier a accosté mardi dans l'est de la Libye en vue d'exporter le premier chargement de pétrole par la rébellion libyenne depuis l'arrêt total des exportations du pays, ce qui permettrait de financer l'insurrection contre le colonel Mouammar Kadhafi.

Le tanker est entré dans le terminal pétrolier près de Tobrouk, à 130 kilomètres de la frontière égyptienne, mardi après-midi, selon un journaliste de l'AFP sur place. "Nous pouvons confirmer que ce navire est effectivement bien arrivé à destination" dans un terminal pétrolier près de Tobrouk, avait auparavant indiqué à l'AFP Michelle Bockmann, experte des marchés pour Lloyd's List Intelligence, une publication basée à Londres.

C'est la première fois que les rebelles libyens, qui contrôlent plusieurs ports de l'est, mènent une telle opération depuis l'entrée dans le conflit de la coalition internationale mi-mars, et l'arrêt total des exportations de brut du pays, selon Lloyd's List.

agences/mre

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L'OTAN accusée d'abandonner Misrata

Le chef militaire de la rébellion libyenne, le général Abdel Fattah Younés, a accusé mardi l'Otan de "laisser mourir les habitants de Misrata", une ville à l'est de Tripoli soumise à des bombardements des pro-Kadhafi depuis plus d'un mois.

"La presse internationale doit soutenir avec force le peuple de Misrata et appeler l'Otan qui croit nous rendre service en bombardant ici et là alors qu'il laisse les habitants de Misrata mourir tous les jours", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Benghazi, bastion de la rébellion dans l'Est.

"Si l'Otan attend encore une semaine de plus, ce sera la fin de Misrata; nous ne trouverons plus personne là-bas", a ajouté cet ancien ministre de l'Intérieur du régime du colonel Mouammar Kadhafi qui s'est rallié à la rébellion en février.

Misrata, "priorité numéro un"

Ces accusations interviennent quelques heures après que l'Alliance atlantique, qui a pris le commandement des opérations militaires en Libye le 31 mars, a annoncé avoir fait de la défense de Misrata sa "priorité numéro un".

"L'Otan nous a déçus. L'Otan ne nous a pas fourni ce que nous voulions", a-t-il poursuivi. Selon lui, les habitants de Misrata sont menacés "d'extermination au vrai sens du terme". "L'eau y est coupée, il n'y a plus d'électricité ou de produits alimentaires, il n'y pas plus de lait pour enfants depuis 40 jours, alors que les forces de Kadhafi bombardent tous les jours maisons, mosquées et hôpitaux à l'artillerie lourde".