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Moussa Koussa lâche Mouammar Kadhafi

Moussa Koussa a annoncé sa démission. [REUTERS - Chris Helgren]
Moussa Koussa a annoncé sa démission. - [REUTERS - Chris Helgren]
Les insurgés libyens massés autour du port pétrolier de Brega se préparaient jeudi à lancer une contre- offensive contre l'armée de Mouammar Kadhafi. Ce dernier a essuyé un revers politique important avec la défection d'un de ses fidèles, le ministre des affaires étrangères Moussa Koussa.

Le responsable libyen Moussa Koussa est arrivé en Grande-Bretagne après un séjour de deux jours en Tunisie présenté officiellement comme une visite privée. "Il est venu ici de son plein gré. Il nous a déclaré qu'il démissionnait de ses fonctions", a fait savoir le Foreign Office britannique.

La nouvelle de la défection de l'homme de confiance de Mouammar Kadhafi a mis du baume au coeur des rebelles, contraints depuis mardi de lâcher pied face aux assauts des kadhafistes, et ceci malgré le soutien aérien de la coalition occidentale. "C'est le début de la fin pour le régime de Kadhafi", a estimé Moustafa Gheriani, le porte-parole des insurgés à Benghazi, la capitale de la Cyrénaïque et le fief de l'insurrection.

Les insurgés déterminés à avancer

Les forces rebelles, repliées près de Brega où des combats ont eu lieu jeudi à l'aube, ont prévu de reprendre leur progression vers l'ouest. "Si Dieu le veut, il y aura aujourd'hui d'autres raids aériens (de la coalition contre les kadhafistes) mais de toute façon nous avancerons", a dit Mouneim Moustafa, un combattant armé d'un fusil d'assaut AK-47.

Pris sous d'intenses tirs de chars et d'artillerie, des centaines de rebelles paniqués ont reflué vers la ville de Brega. [KHALED ELFIQI]
Pris sous d'intenses tirs de chars et d'artillerie, des centaines de rebelles paniqués ont reflué vers la ville de Brega. [KHALED ELFIQI]

L'idée de livrer des armes aux rebelles est évoquée par Washington, Paris et Londres. Des responsables américains ont même déclaré que Barack Obama avait autorisé la CIA, les services secrets américains, à mener des opérations clandestines pour appuyer les insurgés.

Selon des experts, des membres des forces spéciales seraient sur le terrain pour aider les avions alliés à localiser et à frapper leurs cibles. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, s'est refusé à commenter les activités de la CIA tout en assurant qu'il n'y avait pas de "bottes" américaines sur le terrain. libyen.

L'OTAN désapprouve la livraison d'armes

Mais l'OTAN, qui a concrètement pris jeudi le commandement des opérations, a souligné qu'elle entendait faire appliquer strictement la résolution de l'ONU imposant un embargo sur les armes destinées à la Libye. "Nous sommes là-bas pour protéger le peuple libyen, pas pour lui donner des armes", a dit à Stockholm son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.

L'appui aérien, notamment depuis le porte-avion Charles de Gaulles, est essentiel aux rebelles. [REUTERS - Benoit Tessier]
L'appui aérien, notamment depuis le porte-avion Charles de Gaulles, est essentiel aux rebelles. [REUTERS - Benoit Tessier]

Après la Russie, la Turquie a fait savoir jeudi qu'elle n'était pas favorable à la livraison d'armes à l'insurrection. A Paris, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a affirmé que la France n'avait pas déployé de troupes au sol en Libye. Il a ajouté que la livraison d'armes aux rebelles n'était "pas à l'ordre du jour".

Les opposants à Kadhafi, qui ont à nouveau réclamé des armes lourdes, disent ne rien savoir de la présence de soldats étrangers en Libye. Ils reconnaissent qu'un trop net engagement des Occidentaux pourrait nuire à leur crédibilité, comme l'a dit Moustafa Gheriani.

Une guerre qui pourrait "échapper à tout contrôle"

Dans une déclaration lue jeudi soir à la télévision libyenne, Mouammar Kadhafi a de son côté accusé les Occidentaux d'avoir déclenché entre chrétiens et musulmans une guerre qui pourrait échapper à tout contrôle.

"Les dirigeants qui ont décidé de lancer une guerre de croisade entre chrétiens et musulmans en Méditerranée et qui ont tué un grand nombre de civils en Libye ont été rendus fous par le pouvoir. Ils veulent remplacer la force du droit par le droit de la force". Un porte-parole du gouvernement de Tripoli a assuré que le "Guide" et ses fils resteraient en Libye "jusqu'à la fin".

agences/jzim

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Londres prédit "l'effondrement" de Kadhafi après la défection de Moussa

La défection à Londres de Moussa Koussa - tour à tour maître-espion, artisan de la répression puis de l'ouverture, et chef de la diplomatie libyenne - est un signe de "l'effondrement du régime" de Kadhafi, a prédit jeudi le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague.

"Moussa Koussa ne se verra pas offrir d'immunité par la justice britannique ni par la justice internationale", a-t-il assuré. "Il est en lieu sûr, protégé, et nous discutons avec lui de ses options et des nôtres," a-t-il ajouté, sibyllin. Il n'est pas en état d'arrestation, a précisé un porte-parole du 10, Downing street.

Le fugitif a atterri mercredi soir sur le petit aéroport de Farnborough, après une mystérieuse "visite privée de 48 heures" en Tunisie. Il est susceptible de fournir de précieux renseignements sur l'état de mobilisation ou de décomposition du régime, mais pourrait aussi avoir des comptes à rendre à la justice britannique dans deux affaires retentissantes: l'attentat de Lockerbie (1988, 270 morts) et l'assassinat d'Yvonne Fletcher, femme policier, à Londres en 1984.

L'accueil qui lui sera réservé sera déterminant pour les autres caciques tentés par la défection. La Grande-Bretagne, à l'instar des Etats-Unis et de la France notamment, a jusqu'ici insisté pour que le colonel Kadhafi et son entourage répondent de leurs crimes devant la Cour pénale internationale (CPI). Cependant, plusieurs pays, dont l'Italie, suggèrent d'offrir l'exil au colonel et à son entourage, pour mettre fin au bain de sang et éviter une partition de la Libye.