Universitaire et militante, Raja Ben Slama met à profit sa double formation (littérature et psychanalyse) pour mener une réflexion et un engagement sur les questions de liberté et de laïcité, et pour le respect de la place des femmes dans le Maghreb. Au mois d'octobre 2015, elle a été nommée directrice de la bibliothèque nationale tunisienne.
Pour son édition 2016, le salon du livre et de la presse de Genève reçoit comme hôte d'honneur la Tunisie. Raja Ben Slama fait partie des intellectuels invités à cette occasion. Née à Kairouan en 1962, elle obtient son agrégation d'arabe en 1988 et est l'auteure d'une thèse sur la question de l'amour dans la tradition arabo-islamique soutenue en 2001 et publiée en arabe sous le titre "L'amour et l'écriture". Ce travail sur le discours amoureux et l'expression du désir la mène à interroger les non-dits du texte, ses silences, ce qu'il révèle et ce qu'il cache. Par curiosité pour les zones d'ombre des textes, Raja Ben Slama se tourne donc vers la psychanalyse. Elle écrit dès lors de nombreux livres en langue arabe consacrés à la tradition, la poésie, les hommes et les femmes, l'Islam et la psychanalyse.
Sous Ben Ali, certains de ses écrits sont censurés. Elle traduit aussi de nombreux textes francophones en arabe. Passionnée et sereine, ennemie des clichés et des cloisonnements réducteurs, Raja Ben Slama continue à exercer, partout où cela lui est possible, sa liberté de parole et sa liberté de pensée. Cette liberté lui a valu d'être poursuivie par la justice de son pays en 2013.
Une émission de Laurence Difélix