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Pour un Etat, demander pardon n'est pas un acte anodin. Reconnaître ses torts est un geste fort. Alors quand, coup sur coup, Simonetta Sommaruga pour la Confédération et Charles Beer pour le canton de Genève s'excusent, on se dit que l'affaire a quelque chose d'exceptionnel. Car il y a dans l'histoire, des moments peu reluisants, des heures sombres révélatrices, peut-être, de la culture d'une époque. En Suisse, après la triste affaire des fonds en déshérence, la tragédie de l'enfance volée fait partie de ces épisodes indignes. Pendant presque un siècle, et jusqu'en 1981, c'est-à-dire quasiment hier, des jeunes femmes ont été internées, emprisonnées. Des adolescents ont été placés dans des institutions religieuses, des centres de redressement, des familles d'accueil qui les transformaient quasiment en esclave. Viols, agressions sexuelles, coups, insultes et atteintes à l'intégrité morale faisaient partie de leur quotidien. Le tout avec la bénédiction des Eglises et la caution de l'Etat. La honte! Orphelins ou enfants abandonnés, nés dans des familles défavorisées ou de mère célibataire, ils étaient perçus comme des êtres de seconde, voire de troisième zone, des graines de voyous qu'il fallait éloigner de la société et rééduquer. Aujourd'hui, officiels et instances concernées ont enfin demandé pardon. Mais cela ne suffit pas. Pendant des décennies, les jeunes victimes ont été dépossédées de tout. De joie, de jeu, d'amour, d'espoir et du droit essentiel à l'école, à l'apprentissage, aux études. Parce qu'on leur a volé leur futur, ces gens méritent plus que les excuses des autorités. Une indemnisation financière rapide et conséquente doit leur être accordée. Demander pardon n'est qu'un début. Le temps de la réparation est arrivé. Nicolas Vultier
Enfance volée: indemnisons les victimes