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"Tayyip Istifa, Tayyip démission": derrière le slogan rassembleur de la place Taksim émerge le syndrome de Janus. Cette Turquie aux deux visages qui se côtoient depuis longtemps, mais qui, aujourd'hui, ne se comprennent plus. Pour les jeunes manifestants qui ont grandi sous l'ère Erdogan, l'hyper-premier ministre personnalise l'autorité et la morale conservatrice sous toutes ses formes. La concentration entre ses mains de tous les pouvoirs de l'Etat, même ceux qui devraient échapper à ses prérogatives les dégoute. Sa volonté de façonner jusqu’à l'avenir urbanistique de la place Taksim focalise désormais contre lui l'expression de ce ras-le-bol. Il devient ainsi une sorte de paratonnerre de la contestation. Pour ces Turcs qui n'ont pas voté pour l'AKP, Erdogan, c'est le professeur, le moraliste, le père. Plutôt le père Fouettard qui s'infiltre jusque dans leur chambre à coucher. Cette génération des médias sociaux, très éduquée et confiante dans son avenir, aujourd'hui, n'a plus peur du pouvoir sans partage des islamistes. C'est trop tard, cette génération est déjà européenne. Dans ses goûts, sa manière de vivre et d'aimer. Elle demande de la liberté, de la démocratie et le respect de la pluralité citoyenne. Face à elle, Recep Tayyip Erdogan englué dans l'état d'esprit de l'ancien régime. Un régime qui ne comprend pas qu’on ose contester la légitimité de son action, vu les succès économiques indéniables remportés depuis 10 ans. Comme si une forme de modernité économique pouvait suffire. Le premier ministre turc est tombé dans le piège de l'ivresse du pouvoir. Aujourd'hui, son énergie, Erdogan la place dans le combat et l'affrontement, comme un acteur qui continue à jouer son rôle morbide, mais n'a pas compris que le décor a changé et qu'il est seul sur scène. Frédéric Pfyffer
Erdogan, le Père Fouettard