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Le destin du Jura et du Jura bernois passe-t-il vraiment par la remise perpétuelle sur le tapis de la question dite jurassienne? On peut vraiment en douter, alors qu'en novembre prochain, les citoyens de ces deux régions diront s'ils veulent d'une assemblée constituante chargée de jeter les bases d’une nouvelle entité cantonale. Depuis le vote de1974, c'est peu de dire que la roue de l'histoire a tourné. Il y a longtemps que l'espoir suscité par la création du nouveau canton est retombé. Les plus âgés s'en souviennent. On allait voir ce qu'on allait voir! Le Jura allait montrer la voie à la Suisse entière! On a vu : un canton PDC de plus. En quoi, maintenant plus encore que hier, la réunification ou quel que soit le nom qu'on lui donne devrait-elle être porteuse d'avenir? Le canton du Jura ne doit-il pas une bonne fois choisir un autre chemin? Plutôt que languir après Tramelan ou Moutier, ne devrait-il pas regarder vers les deux Bâle, son débouché naturel? Et le Jura bernois, protestant, doit-il vraiment s’unir au nord, catholique? Son destin n'est-il pas de demeurer avec Berne, ce grand canton? "Le génie de Berne", suivant l'expression de Gonzague de Reynold, n'est-il pas, plus encore que Fribourg, d'être un pont entre la Suisse alémanique et la Suisse romande? Berne, où l'on aime encore, et pas seulement du côté de La Neuveville, à parler français. Mais combien de temps encore si les Jurassiens bernois le quittaient? L'unité confédérale passe aussi par le maintien de districts francophones en terre bernoise. Comme on le voit, cela fait beaucoup de raisons de dire non en novembre prochain. Que l'on soit du sud ou du nord. Raphaël Aubert