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Brandir l'anglais pour espérer faire gagner la Suisse en efficacité, c'est diagnostiquer un cancer du nez chez un patient enrhumé, et lui prescrire des prières chamaniques. Un remède facile à l'emploi et d'une efficacité immédiate, puisqu'il suffit d'y croire pour que ça marche. L'idée que l'anglais puisse unifier la Suisse est malheureusement un fantasme que des élus - bourrés d'idées, mais dépourvus de réflexion - aiment à formuler de façon récurrente. Ca leur vient comme la tentation d'étaler du ciment pour combler les fissures. Ils y cèdent, persuadés qu'une couche de verni brillant peut harmoniser nos sommets rugueux et trop aiguisés. La Suisse n'a pas besoin d'une langue supplémentaire, ni même d'efficacité et encore moins d'unité. Ce dont la Suisse a besoin c'est de gagner en lisibilité quand elle défend ses intérêts dans le monde. En quoi l'anglais nous aiderait-il dans cette tâche? Et d'abord quel anglais? Le "upper class" des salons feutrés de la diplomatie? L’anglais phonétique des informaticiens? L'ultra-communicant des "money makers"? Ah, l'anglais qui rapporte des pépettes… On imagine la scène. Ueli Maurer en mocassin à la maison blanche, expliquer tout sourire à Barack Obama que, comme nous autres Helvètes, on n’arrivait pas tant à se comprendre ni à se mettre d'accord, on a arrêté de faire de la politique dans nos langues respectives, on s’est dit qu’on allait faire comme chez Novartis ou Credit Suisse: discuter le bout de gras… en anglais. D’ailleurs, Mister Obama, Ueli Maurer n’est plus Président de la Confédération, il est CEO de la Suisse ! Cet anglais international n’est pas une langue, c’est un outil. Un lexique dans lequel on puise, par faciliter, pour communiquer quand le monde qui nous entoure n’offre plus assez de valeur commune. Or la Suisse en est loin. Préservons-la. Nathalie Ducommun
L’anglais n’est pas la clé du succès