Signature [RTS]

Signature

Prudente à juste titre, Doris Leuthard n'a rien promis après l'accident de Granges-Marnand. Elle veut attendre les résultats détaillés de l'enquête avant de discuter des mesures adéquates avec les CFF et l'Office fédéral des transports. Débloquer des moyens dans la précipitation aurait surtout jeté la suspicion sur l'insuffisance des enveloppes allouées par son Département pour l'exploitation du réseau. Pas de promesses concrètes donc, mais un geste fort de la ministre des transports envers une profession durement touchée par le drame de Granges-Marnand. Il faut écouter, impliquer, associer les mécaniciens de locomotives à la réflexion sur la sécurité. Avec ces simples mots, presqu'une évidence, Doris Leuthard rappelle l'ancienne régie fédérale à ses responsabilités d'employeur. La technologie ne peut pas tout, l'humain reste au coeur du dispositif. Une déclaration qui prend tout son sens alors que les langues se délient depuis l'accident. Dans les cabines de pilotage, ce sont les mots stress, monotonie, solitude qui résonnent. Tout le désarroi d'une profession dont les conditions de travail se sont durcies pour répondre aux attentes d'une clientèle toujours plus mobile, toujours plus pressée. Les pannes à répétition avaient déjà mis en exergue le retard pris sur l'entretien du réseau. L'accident de Granges-Marnand a fini de souligner les failles de sécurité. Les CFF ont promis une analyse approfondie pour la fin du mois. C'est là qu'on attend vraiment Doris Leuthard. Là, la perche tendue aux cheminots ne suffira plus. Il faudra faire preuve de créativité. Et de courage politique pour convaincre tous les partenaires: car renforcer la sécurité sans sacrifier le développement de l'offre, cela coûtera cher. Pierre-Han Choffat
La ministre et les cheminots