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Sur le bureau d'Ueli Maurer trône un vaste plan de restructuration de l'armée. Avec au centre, la suppression d'une douzaine de place d'armes. Révélé à la mi-avril, le projet suscite des sueurs froides. Partout en Suisse, on tremble déjà à l'idée que le département militaire puisse fermer les portes de la caserne du coin, cette source immuable de revenus et d'emplois de qualité. Vraiment ? Dans la plupart de nos villes, ce type raisonnement ne tient plus la route. L'exemple de la caserne de la Poya à Fribourg est emblématique. Construite à la fin des années 1940 à la périphérie de la cité, cette place d'arme - comme bien d'autres - se retrouve aujourd'hui au cœur d'un quartier en plein boom, situé à deux pas de l'autoroute. D'où ce constat : tant qu'ils resteront au service de l'armée, les 47 milles mètres carrés de la Poya seront un véritable handicap pour le développement de la ville. Les onze emplois garantis sur le site ne pèsent pas lourd, quand on imagine les projets - immobilier, sportifs, commerciaux - qui pourraient redessiner les contours du quartier. Une réaffectation qui aurait également l'avantage de densifier le tissu urbain de la capitale fribourgeoise. Et donc de freiner l'explosion de constructions tous azimuts dans les communes alentours. Un enjeu parfaitement compris par une poignée d'élus fribourgeois, qui demandent déjà à leurs autorités communales de saisir l'opportunité. Des édiles qui, à Fribourg et ailleurs, seraient fort bien inspirés d'écouter ce message. Et de faire, sans plus tarder, le siège du Département fédéral de la défense, pour s'assurer que leur place d'arme ne sera pas oubliée. En clair : qu'elle figure bel et bien sur la liste des douze sites en passe d'être supprimés. Christian Favre