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Les tensions raciales, aux Etats-Unis, sont pires aujourd'hui qu'avant l'élection d'Obama. C'est le tragique paradoxe de cette Présidence qui rêvait de rassembler l'Amérique. Or elle est plus divisée aujourd'hui qu'il y a 6 ans. La communauté noire est blessée par le traitement réservé à Barack Obama. Son départ du pouvoir va la laisser avec ses frustrations et sa colère. Les partis ont leur responsabilité. Les républicains sont plus que jamais le parti des hommes blancs. 64% d'entre eux ont voté républicain cette année. C’est le parti des restrictions d’accès au vote, dans le sud des Etats-Unis, qui empêchent des dizaines de milliers de citoyens souvent noirs ou hispaniques d’aller voter. Les démocrates mobilisent les minorités en brandissant les peurs, les exemples sordides de la mort du jeune Trayvon Martin, les émeutes de Ferguson. Le ciblage des électeurs potentiels est ingénieux, il peut être dangereux quand il exacerbe les tensions. Triste visage que celui de cette Amérique qu’Obama voulait rassembler autour de sa personne, et qu'il a vu se cristalliser autour de lui en deux fronts, irréconciliables. Mais ce n’est pas à lui qu’il faut demander des comptes. L’Amérique est piégée par son communautarisme. La communauté est une maison chaleureuse, solidaire, souvent construite sur la lutte pour les droits civiques. C’est aussi un piège, qui fait de la mixité un leurre absolu. Les couples, les amitiés, les quartiers, les écoles, les églises sont rarement mixtes. C’est un tabou qui empoisonne l’Amérique, et qui ne se résoudra que par le dialogue, à la base, entre les membres de ces communautés. La solution ne viendra pas d’en haut, et certainement pas d'un président. Quelle que soit la couleur de sa peau. Philippe Revaz