14-18: petites musiques d'une Grande Guerre

Portraits de quelques femmes dont les ambitions artistiques ont été contrariées par la guerre: en 1914, Cécile Chaminade interrompt sa carrière pour s’occuper des soldats blessés, la pianiste Marguerite Long, témoin savoureux de la musique de son temps, se retrouve veuve de guerre, Lili Boulanger doit renoncer à son séjour à la Villa Medicis alors que sa sœur Nadia deviendra l’un des professeurs mythiques du Conservatoire américain de Fontainebleau, reliquat de la présence des troupes américaines en France.

La naissance du bruitisme chez Luigi Russolo, le "rendez-nous l’Alsace et la Lorraine" dans les "Pagine de Guerra" d’Alfredo Casella, Malipiero inspiré par l’Arménie et, les délices des "Fontaines de Rome" de Respighi comme dernier écho du monde d’hier.

Si l’attitude des Canadiens est partagée vis-à-vis des musiciens allemands, aux États-Unis, en revanche, plusieurs musiciens et chefs d’orchestre sont tenus de démissionner.

Le Service de propagande artistique confié à Cortot profitera de cette rupture pour créer l’École normale de musique de Paris. Elle accueillera plusieurs musiciens américains qui jusqu’alors avaient privilégié l’Allemagne pour parfaire leurs études ainsi que des Canadiens.

Par ailleurs, des méthodes d’enseignement et des structures administratives françaises seront exportées au Québec. Une élève de Cortot, Yvonne Hubert s’établit à Montréal en 1929 et formera plusieurs générations de pianistes et de pédagogues (Turini, Hamelin, Lortie, Laplante, Durand, Fialkowska, Tritt, Lemelin...)

Les relations ambiguës de la Suisse alémanique avec l’Allemagne impériale…

En pleine Grande Guerre, la Suisse alémanique accueille le pianiste et compositeur italien Ferruccio Busoni à Zurich, ainsi que les deux seuls concerts de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Leipzig, où se tient en 1918, la Fête des musiciens suisses…

Naissance de la Ligue pour la défense de la musique française.

À l’arrière, on se bat aussi à coups d’armes idéologiques. Dans un contexte nationaliste et propagandiste, la musique allemande – notamment Wagner – qui jusque-là avait fasciné les Français, se retrouve à l’Index.

La vie musicale parisienne se réorganise autour des Matinées Nationales et de la fondation d’une "Ligue nationale pour la défense de la musique française", à laquelle Ravel s’opposa fermement.

Ernest Ansermet en piste pour un orchestre romand.

Naissance de l’Orchestre de la Suisse Romande, ambition artistique et patriotique. Ernest Ansermet relate sa tournée avec les Ballets Russes et sa rencontre fortuite avec le Président Wilson.