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La "perfide Albion": l’expression fut utilisée très tôt par la France pour évoquer la mauvaise foi de l’Angleterre, un qualificatif qui semble remonter à la bataille d'Azincourt, en 1415, lorsque, violant le code d'honneur médiéval, les Anglais exécutèrent des chevaliers français qui refusaient de se rendre. Aujourd’hui, les guerres sont essentiellement économiques. Mais de toutes les places financières, la City est la plus sournoise. Le Royaume-Uni utilise, comme personne, le système des paradis fiscaux qui sont à sa disposition, grâce au contrôle de tout un réseau de territoires opaques qui vont de Jersey aux îles Caïmans en passant par Gibraltar et les Bermudes. Surtout, les Britanniques ont toujours su construire une "union sacrée" pour préserver les particularités de leur culture financière, quel que soit le gouvernement au pouvoir. C'est pourquoi on voit mal le parti travailliste partir en guerre contre l'évasion fiscale, malgré les bonnes résolutions affichées par Ed Miliband dans la perspective des élections du 7 mai. Car lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts, la Grande-Bretagne n'hésite pas à naviguer en eaux troubles: les flux financiers contournent encore et toujours le Détroit de Gibraltar avant de plonger dans les eaux bleu turquoise des Caraïbes. C’est peu dire que la "perfide Albion" connaît toutes les ficelles de la haute finance, toutes les subtilités des sociétés-écrans. Les élections législatives du 7 mai ne changeront pas de très anciennes et très mauvaises habitudes. A bien des égards, pour reprendre une autre expression française, David Cameron et Ed Miliband, c’est "bonnet blanc ou blanc bonnet". Jacques Allaman