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Ruedi Huber, le chef, démissionnaire, du ski alpin suisse a osé dire la vérité en parlant d’extrême hostilité envers les étrangers qui, selon lui, régnerait au sein de la Fédération suisse de ski. Dès le départ, tout le monde se méfiait de ces "Autrichiens", engagés en pleine crise à des postes que personne ne voulait. Ils n’obtiendraient aucune aide, et aucune erreur ne leur serait pardonnée. Et ils en ont fait, des erreurs, la cohabitation a donc, forcément, été difficile. Mais qu’est-ce d’autre là que le reflet de notre société ou la chronique d’une xénophobie ordinaire? Méfiance de tout ce qui vient de l’étranger, au-delà de notre pays, notre région, notre village, au-delà de notre porte. Un sentiment presque normal - animal - de protection de ce qui nous est cher, de la famille à la patrie. Une forme de lâcheté également: ce n’est de pas notre faute, mais celle d’un autre, d’un étranger qui ne fait pas tout comme nous, qui ne connait pas nos coutumes et notre manière de fonctionner. Comme c’est arrangeant, comme c’est facile aussi pour les dirigeants de déclarer: "Oh, vous savez, nous lui avons donné des responsabilités, à lui d’assumer, c’est son problème!" Et de recommencer, avec le suivant. Cette attitude est tellement ancrée en nous, tellement peu combattue aussi qu’elle n’en est même plus choquante, juste désespérante. Et pour revenir sur le ski suisse, quand, en l’absence d’une ligne claire, ou de l’application de celle-ci, des entraîneurs de groupe, chez les plus jeunes, se disputent les meilleurs éléments pour afficher des résultats plus intéressants que ceux du groupe qui s’entraine sur la piste d’à côté et que, dans ce cadre-là, ce qui vient des Grisons, du Valais ou de Berne est forcément moins bien que ce qui vient de Berne, du Valais ou des Grisons, comment voulez-vous qu’un Autrichien vienne y mettre de l’ordre? Patrick Délétroz
Patrick Délétroz: chronique d’une xénophobie ordinaire