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Il y a bien sûr la forme, qui laisse à désirer… Depuis son arrivée au pouvoir, la coalition menée par la gauche radicale de Syriza n’a rien fait pour rassurer. Elle joue volontiers la provocation. Le ministre des Finances Yanis Varoufakis, sans cravate, mais avec la langue bien pendue, a endossé le rôle du cow-boy qui tire à vue, son chef Alexis Tsipras joue celui du sage. Mais ce déficit de forme ne suffit pas à discréditer le fond! Les exigences de Syriza, largement plébiscitées dans les urnes, faut-il le rappeler, sont légitimes. Il n’y a rien d’insensé à demander un changement d’approche. La méthode actuelle est un échec sur le terrain. Et Tsipras ne veut pas, à raison, assumer le service après-vente de gouvernements antérieurs largement discrédités. Athènes a besoin de temps et de patience, et pas seulement d’un nouveau corset, taillé comme l’ancien. Mais pour cela, Bruxelles et les Etats de la zone euro doivent définir d’autres règles du jeu. La rigidité affichée jusqu’ici mènera à une impasse, elle contribuera à tendre encore les relations entre les pays. Avec ses propos dignes du plus zélé des eurocrates, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a lâché cette terrible phrase "Il ne peut pas y avoir de choix démocratiques contre les traités européens!" En clair: les traités sont les nouveaux textes sacrés. Les citoyens sont priés, comme dans l’air pré-démocratique, de se soumettre au livre et à ses interprétations. Si Bruxelles souhaitait encore agrandir le fossé déjà béant avec ses citoyens, elle ne s’y prendrait pas autrement… Romain Clivaz