Carrefour des Amériques

Dans la démocratie retrouvée les saisons culturelles sont toujours aussi brillantes. A Hollywood Carmen Miranda et Ary Barroso sont à lʹaffiche des cinémas. Mais Carmen songe à revenir à Rio pour tenter de retrouver une popularité en baisse dans son propre pays. La saison de concerts accueille les plus grands pianistes et de très grands chefs. Et à lʹopéra des grands chanteurs de Bayreuth ou de la Scala sont sur scène.
Cʹest ce pays qui accueille Albert Camus en été 1949. Après avoir assisté à une représentation de son Caligula par le Théâtre Noir de Rio, il part à São Paulo puis rejoint lʹUruguay, lʹArgentine et le Chili.
La musique de Camargo Guarnieri accompagne très souvent ce récit.

Ce chapitre débute par le fameux Copacabana chanté par Dick Farney, le Frank Sinatra brésilien. Dans le Rio de Janeiro de lʹaprès guerre et dans lʹinsousciance et la joie de vivre, la culture connaît un nouvel essor. En 1945, le président Vargas a démissionné et le nouveau président liquide la dictature. Entretemps, le Canada, sorti renforcé de son engagement durant la guerre, est devenu une nouvelle puissance mondiale; en 1946 il entre en scène au Brésil en la personne du compositeur Claude Champagne qui fait rêver les Brésiliens en leur racontant son Québec natal.
Villa-Lobos reçoit la commande dʹune comédie musicale pour Los Angeles. Tout se concoctera à New York en 1947 avec les auteurs du livret. "Magdalena" dont lʹaction se passe en Colombie est créée en Californie en juillet 1948 puis à Broadway en septembre, avec un vrai succès. Décidément Villa-Lobos nʹarrêta pas dʹétonner son public!

Le Département dʹEtat et la Bibliothèque du Congrès veulent sponsoriser un séjour de Villa-Lobos à Washington. Il est finalement invité par le chef d'orchestre Werner Jansen à Los Angeles où lʹécrivain brésilien Érico Veríssimo est son interprète. Un séjour, de janvier à mars 1945, riche en rebondissements et surtout une rencontre inattendue entre un pays et lʹenfant terrible de la musique brésilienne. Partout le succès public impressionne Villa-Lobos et cʹest un véritable coup de foudre pour lui.

Alors que Louis Jouvet est en tournée en Argentine et au Chili, les liens culturels entre les Etats-Unis et le Brésil se sont resserrés grâce à Rockefeller et sa collaboration avec le cinéaste Luis Buñuel et la création de lʹOffice de Coordination des Affaires Américaines en 1941 qui veut contrer les pro nazis en envoyant des artistes des Etats-Unis en Amérique Latine. Cʹest ainsi que le compositeur Aaron Copland arrive le 5 novembre à Rio de Janeiro où il invite Villa-Lobos à venir aux Etats-Unis.
Louis Jouvet et sa troupe sont de retour au Brésil en octobre et le gouverneur de Rio les convainc de rester en Amérique pendant la guerre. Toute lʹéquipe travaille aux décors, aux costumes et Jouvet commandes des musiques aux compositeurs en exil dans les Amériques. Magda Tagliaferro est revenue de France à qui elle rend hommage dans tous ses récitals.
Le 22 août 1942, le Brésil entre en guerre aux côtés des Alliés.

Malgré son soutien aux Nazis, le président Vargas sait quʹil a besoin des Etats-Unis pour développer lʹindustrie à travers le pays. Et la politique de bon voisinage du Président Roosevelt tombe à pic.
Le chef dʹorchestre Stokowski ouvre le feu et dirige plusieurs concerts. Villa-Lobos lʹaide à réaliser des enregistrements des meilleurs musiciens populaires pour un projet panaméricain. Puis cʹest Walt Disney et son équipe qui à leur retour réalisent le superbe dessin animé "Alo Amigos" sur la musique du brésilien Ary Barroso. Carmen Miranda et lui sont devenus les meilleurs ambassadeurs de leur pays à Hollywood. Quant au pianiste et chanteur mexicain Agustín Lara il marquera de son empreinte la musique populaire. Cʹest dans ce Brésil très international que débarque Louis Jouvet qui a réussi à quitter la France occupée avec sa troupe.
*** En raison de l'Eté des festivals, cet épisode est disponible uniquement sur le PlayRTS.

Dernières tournées dʹartistes français dans le Brésil de 1939 qui soutient les forces de lʹAxe. Lʹannée des célèbres Bachianas Brasileiras N°5 de Villa-Lobos et dʹun des plus grand succès international de musique populaire brésilienne, "Aquarela do Brasil" dʹAry Barroso sans parler des triomphes de Carmen Miranda et de la découverte dʹune voix nouvelle, celle de Dalva de Oliveira tellement aimée du peuple brésilien. Quant au dictateur Vargas, dans sa dérive totalitaire, il sʹen prend au Carnaval de Rio quʹil veut nettoyer de ses outrances afin de le mettre au pas. Villa-Lobos évitera le pire en travaillant avec les meilleurs sambistes des morros.