La voix du standard

Il a chanté le gospel à l'église toute sa jeunesse. Puis les instruments lui sont tombés dans les bras jusqu'au vibraphone qui s'accrochera à son coeur pour toujours.
Milt Jackson va marier le vibraphone au bebop, créant un nouveau language dans le prolongement de son père spirituel Lionel Hampton qui a sorti cet instrument de l'ombre.
Et comme tous les passionnés de cette nouvelle musique bebop, la virtuosité sera au rendez-vous et les rencontres entre pionniers du milieu du XXe siècle nombreuses : Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, Ray Brown.
Mais il y a aussi le vibraphone qui sait répondre et dialoguer avec les voix, que Milt Jackson sait rendre léger et pertinent.

A la fin du XIXè siècle, dans ce qui était le royaume de Prusse, nait le jeune Gustav Gerson Kahn, connu comme Gus Kahn, fantastique parolier qui va fournir au jazz et ses cousines une myriade de standards. En 1890, ses parents partent s'établir à Chicago. L'évidence s'imposera dès lors, Gus Kahn aime écrire des paroles pour des chansons, des opéras, le cinéma, Broadway.
Des chansons qui parlent d'amour, avec des demi-teintes subtiles qui nous mettent face à la nature humaine, mais surtout des collaborations avec des compositeurs qui ont su trouver la mélodie juste pour véhiculer cette poésie... qui deviendra magnifiquement jazz avec les monstres sacré(e)s de toutes les époques.
Gus Kahn traverse les siècles, et nous essayons de vous le montrer avec les plus belles voix.

Cinquante ans de carrière résolument innovante et rayonnante. C'est l'essentiel de ce que l'on peut dire du guitariste américain Pat Metheny qui fête ses 70 ans en 2024.
En standards, le compositeur Metheny a nourri les instrumentistes de jazz de toutes générations, mais il y a peu de choses pour les voix, des mélodies destinées aux mots.
Qu'à cela ne tienne, agencer des paroles, les vocalistes s'en sont chargé, toujours séduit·e·s par la qualité des mélodies, parfois même des solos de Pat Metheny qui les inspirent.
Le guitariste Metheny a aussi - un peu - accompagné quelques rares chanteuses, un peu comme Miles Davis qui a paraphrasé les plus grandes.
Ainsi, des voix pour les standards de Pat Metheny, nous en avons trouvé suffisemment pour vous émerveiller.

Nous continuons notre déambulation alphabétique dans les compositions de Duke Ellington.
Encore une fois, cet immense chef d'orchestre nous prouve que des mélodies simples peuvent être des chefs-d'oeuvre et swinguer.
L'histoire lui donne raison, puisque les musiciennes et musiciens de jazz cultivent son répertoire sans cesse, lui donnent de nouveaux atours, retravaillent ou simplement profitent de cette simplicité par une interprétation jubilatoire.
C'est notre propos de ce jour, pour un deuxième chapitre qui commence par la lettre D et finit par la lettre ... D !
Ce n'est donc pas la dernière Voix du Standard consacrée à Duke Ellington.

Pour ce quatrième volet, notre panorama musical jazz et francophone est encore une fois plein de surprises et de merveilles, et ce sont parfois les anciens qui nous surprennent le plus. Major Holley, par exemple, qui nous raconte en français les Moines de Saint-Bernardin d'André Persiani, puis prend un chorus vocal à l'unission de sa contrebasse à l'archet, unique dans l'histoire ! Ou Sarah Lancman qui chante Michel Legrand avec beaucoup d'élégance et de modernité.
Mais aussi l'extraordinaire Gregory Privat qui raconte son grand-père en créole martiniquais, puis prend un solo de piano qui vous transporte. Ou encore Bernard Lubat qui décidément vit à un rythme effréné de musique et de paroles... en français bien sûr.
Laissez-vous emporter, le mariage du français et du jazz est encore une fois plein de bonheur(s).

Pour un troisième chapitre, nous marions le français et le jazz.
Mariage réussi. Les standards du Great American Songbook trouvent des mots justes en français aussi, les poêtes de toutes époques deviennent jazz.
Les anglophones chantent aussi en français - Nina Simone dans notre programme du jour - y trouvant un charme qui relie les continents; les francophones pouvant, eux, rendre hommage à des monstres du jazz comme Charles Mingus avec des mots en français, à l'instar de Camille Bertault.
Aujourd'hui encore, la perspective est fascinante et vertigineuse d'actualité.