Martin Zimmermann, metteur en scène, comédien, clown

Il y a les accidents, ainsi cette chute de la grande roue du spectacle "Hans was Heiri", lʹusure dʹun corps au travail circassien puis théâtral débuté voici trente ans.

Il y a aussi cette ossature et cette enveloppe qui composent une silhouette singulière, héritière des comiques du cinéma muet, Charlie Chaplin ou Buster Keaton.

Comment conjuguer rêves de spectacle et angoisses artistiques avec ce corps? Peut-être en lʹimaginant déjà proche de son crépuscule? Ou en dansant avec son double? Après avoir incarné un "Mr Skeleton" dans de savoureux courts-métrages du plasticien Augustin Rebetez, le Zurichois Martin Zimmermann, sʹest lancé dans sa "Danse macabre". Une façon de conjurer le sort.

DR/MZ - DR/MZ

^{Musique: James Brown, "Sex Machine"}

Le cirque est venu tôt dans la vie du jeune Martin. Pas loin de la fromagerie familiale de Wildberg, village campagnard de lʹOberland zurichois, lʹenfant, de son propre aveu plutôt agité, apprend la danse et le jonglage chez une ancienne star mondiale du cirque.

A 12 ans, le voici sur la TSR dans un concours de jeunes talents puis anime les matinées du Knie avec dʹautres gamins artistes. Une voie toute tracée vers la scène? Il faut dʹabord apprendre un "vrai métier":  décorateur de vitrine sous le patronage de… Jean Tinguely, tout en se passionnant pour les débuts du rap francophone

Qui a vu les spectacles de Martin Zimmermann comprend que les fondements de son univers entre cirque et théâtre remontent à très loin.

DR/MZ - DR/Martin Zimmermann

^{Musique:  IAM, "Petit Frère"}

Il a beau être désormais seul sur le plateau, le Zurichois Martin Zimmermann travaille en groupe, en collectif.

Cela commence par lʹobservation des gens de son quartier, puis par lʹanalyse de ses songes et autres réflexions avec sa dramaturge Sabine Geistlich qui fut dʹabord… sa psy.

Vient ensuite le dialogue avec un musicien, par exemple le jazzman Colin Vallon, les échanges avec sa compagne également artiste, Eugénie Rebetez, le travail en équipe avec les clowns et danseurs dans le cas du spectacle "Eins Zwei Drei" ou de "Danse macabre" et bien sûr les discussions avec son constructeur, Ingo Groher, lʹhomme de lʹimpossible réalisable.

DR/MZ - DR/MZ

^{Musique: Nina Simone, "Ainʹt got no, I got Life", live à Montreux, 16 juin 1968.}

Un article trouvé dans un magazine alémanique pour enfants. On y parle dʹune nouvelle école de cirque, un endroit révolutionnaire où lʹart des saltimbanques se marie désormais au théâtre et à la danse.

Martin Zimmermann rallie Paris et Châlons-en-Champagne, au tout frais CNAC, le Centre national des arts du cirque. Il y croise la route du chorégraphe hongrois Josef Nadj venu orchestrer sa promotion. En 1996, le spectacle "Le Cri du Caméléon" triomphe en France et fait le tour du monde.

Le public découvre le cirque contemporain et la carrière du jeune Martin Zimmermann est lancée.

DR/MZ - Dr/MZ

^{Musique: Colin Vallon, "Le Vent"}

Le clown fait rire. Il inquiète parfois. Il est généralement fragile. Pour le Zurichois Martin Zimmermann, il nous touche parce "quʹil est profondément humain et joue chaque soir sa vie, là, devant nous".

Au fil des créations de feu sa compagnie Zimmermann & De Perrot, puis en solo, Martin Zimmermann sʹest servi des techniques du clown et de son jeu sans jamais sʹautoproclamer clown.

Le voici désormais tenté dʹinventer et dʹincarner son propre clown. Comme si ses années de carrière lui donnaient enfin assez de profondeur et dʹexpérience de vie pour oser se lancer avec un personnage qui pourrait "lʹaccompagner jusquʹau bout".

DR/ZM - DR/ZM

^{Musique: Nino Rota, "Amarcord", joué par la Filarmonica della Scala, direction Ricardo Chailly}