Mozart tiré aux dés ou Mozart au naturel

Faussaires, épigones, fantômes, fils de, menuets tirés aux dés, opus apocryphes, exercices... sont-ils reconnaissables à l'oreille? À l'occasion de la parution de son livre "Les petits malins de la grande musique" (PUF), David Christoffel vous propose chaque matin un nouveau blind test pour sentir comment votre sensibilité musicale peut se libérer des fausses évidences. Aujourd’hui: Mozart tiré aux dés ou au naturel.
Le génie de Mozart est réputé tellement universel qu’il peut aller avec tout. On n’est qu’à moitié étonné de le trouver présent jusque dans l’histoire des musiques aléatoires. Au XVIIIème siècle, parmi les jeux aristocratiques, il pouvait y avoir quelques jeux musicaux qui consistaient, par exemple, à composer des Polonaises ou autres Menuets en tirant aux dés quelle mesure mettre au début et par quelle autre mesure on allait poursuivre. Sur le principe qui sera repris par les Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau, chaque fragment de ces œuvres courtes était tiré au dés dans une combinaison de onze mesures, selon que le résultat du tirage des deux dés donnait un résultat entre 2 et 12. Toute la question est de savoir si on peut, à l’oreille, distinguer un menuet qui concatène des mesures tirées aux dés d’un menuet composé à la main avec, pour seul critère d’élection des notes choisies, l’imagination et le goût du compositeur.