"Les risques pour la place financière suisse et l'économie en
général sont très élevés dans le cas d'un refus du Parlement" de
valider l'accord entre Berne et Washington de révéler les noms de
4450 clients américains de la banque suisse, a écrit l'UBS dans un
document transmis en début de semaine à plusieurs élus.
D'autres banques concernées
L'UBS avertit que de "nombreuses autres banques suisses étaient
impliquées dans l'activité transfrontalière avec des clients
américains" qui avaient déposé leur fortune en Suisse pour se
soustraire au fisc dans leur pays. Le fisc américain (IRS, Internal
revenue service) détient des informations sur 20 banques
helvétiques, a souligné l'UBS.
Un refus du Parlement de ratifier cet accord pourrait être perçu
comme un "signal pour une escalade" du contentieux. L'IRS pourrait
alors commencer à enquêter sur ces autres banques, a estimé l'UBS
dans ce document, révélé vendredi par le Tages-Anzeiger.
Par crainte de mesures unilatérales
L'accord amiable signé en août 2009 entre Berne et Washington,
qui prévoit la transmission de 4450 noms de fraudeurs à l'IRS, a
été rendu caduc en janvier par la justice suisse, selon laquelle le
document n'autorise pas la Suisse à violer le secret bancaire pour
des cas d'évasion fiscale.
Malgré ce jugement, qui a gelé l'accord jusqu'à sa ratification
par le Parlement, l'UBS a indiqué dans le document avoir déjà
transmis aux autorités fédérales environ 4000 dossiers, soit 4
millions de pages, sur ses clients soupçonnés de fraude
fiscale.
La banque a par ailleurs contacté 50'000 clients américains pour
les enjoindre à se dénoncer au fisc. L'UBS craint que si la Suisse
n'avalise pas cet accord, les Etats-Unis pourraient prendre des
mesures unilatérales, comme inscrire la Suisse sur une nouvelle
liste noire des paradis fiscaux.
afp/ap/hof
Les Suisses tiennent au secret bancaire
Trois quarts des Suisses sont favorables au maintien du secret bancaire et une majorité presque aussi élevée s'oppose à l'échange automatique d'informations avec des autorités fiscales étrangères.
C'est ce que montre un sondage publié vendredi par l'Association suisse des banquiers (ASB). Les citoyens helvétiques ont également une image de leur banque qui n'a jamais été aussi bonne.
"En dépit d'un débat persistant sur le secret professionnel du banquier, et peut-être précisément pour cette raison, les Suisses demeurent fondamentalement attachés à son maintien", a relevé l'ASB.
Le sondage réalisé par l'institut MIS Trend en janvier dernier montre que 89% des personnes interrogées jugent nécessaire de protéger les données financières des clients des banques vis-à-vis de tiers et que 73% en appellent à la préservation du secret bancaire.
L'enquête montre que "70% des sondés considèrent qu'il n'y a plus lieu de céder face à la pression européenne en la matière et s'opposent à l'échange automatique d'informations avec les autorités fiscales étrangères". En outre, 40% estiment que les acteurs politiques ne s'impliquent pas assez sur ce point et 11% considèrent qu'ils en font trop.
"Les temps difficiles n'empêchent pas les Suisses de manifester une fidélité sans faille à leur banque", a souligné l'ASB. La cote de leur banque principale s'est encore améliorée par rapport à 2009: elle est jugée positive ou très positives par 87% des sondés, contre 85% il y a dix ans. Le degré de satisfaction n'a jamais atteint de tels sommets.
En matière de fidélité, les banques cantonales conservent le premier rang avec 27%, talonnées par les Banques Raiffeisen avec 21%. Pour ce qui concerne la compétitivité internationale, les banques suisses remportent la palme avec 56%, contre 59% en 2009.
Le service à la clientèle, la formation ainsi que la stabilité politique et économique de la Suisse restent perçus comme des avantages pour sa place financière.
Le sondage a été réalisé auprès de 1004 citoyens et citoyennes, dont 500 alémaniques, 304 romands et 200 Tessinois âgés d'au moins 18 ans. La marge d'erreur se situe entre plus ou moins 3,1%.