Le texte prévoit notamment la création d'un Fonds vert pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement. Il inclut aussi un mécanisme pour lutter contre la déforestation et le partage de technologies vertes.
L'objectif du rendez-vous mexicain était d'abord de redonner souffle au processus de négociation onusien, fortement ébranlé par l'immense déception née du sommet de Copenhague il y a un an. Mission accomplie, selon les délégations.
Le texte adopté à l'issue de 12 journées de négociations intenses et parfois tendues "ouvre une nouvelle ère pour la coopération internationale sur le climat", a assuré la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Patricia Espinosa, qui présidait les débats.
Objectif 2 degrés fixé dans le marbre
Quelques heures plus tôt, le texte de compromis mis sur la table par le Mexique avait reçu le soutien très appuyé de l'écrasante majorité des 194 pays de la convention de l'ONU sur le climat.
La principale vertu du texte, adopté en dépit de l'opposition de la Bolivie, est d'inscrire dans le marbre de nombreux points de l'accord politique de Copenhague, jamais adopté par la convention de l'ONU. Et surtout de le décliner de façon plus précise.
C'est en particulier le cas de l'objectif de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2 degrés au-dessus des niveaux pré-industriels. "Les parties doivent agir de manière urgente pour atteindre cet objectif à long terme", indique l'accord adopté.
Pour la suite à donner à Kyoto, rendez-vous à Durban
Le texte permet aussi de désamorcer, à la faveur d'une formule ambiguë, la "bombe" de l'avenir du protocole de Kyoto, qui menaçait l'issue des discussions à Cancun. Arrivant à échéance fin 2012, ce protocole constitue toujours le seul traité juridiquement contraignant sur le climat. Il fixe des objectifs contraignants aux seuls pays industrialisés, à l'exception des Etats-Unis.
Le Japon, la Russie et le Canada ont prévenu qu'ils ne prolongeraient pas ce protocole et réclamé un nouveau traité incluant les autres pays émetteurs de gaz à effet de serre, à commencer par les Etats-Unis, la Chine et l'Inde. Le sujet ressurgira donc lors du prochain grand-rendez vous climat fin 2011 à Durban (Afrique du Sud).
Un Fonds vert
Les pays développés ont promis à Copenhague de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Le Fonds vert, qui verra transiter une partie importante de ces fonds, aura un conseil d'administration avec représentation équitable entre pays développés et en développement.
Les nombreuses interrogations sur la façon dont ce fond sera alimenté restent cependant sans réponse. Un panel mis en place par l'ONU a suggéré la mise en place de financements alternatifs, comme des taxes sur les transports et les transactions financières.
Le texte pose par ailleurs les bases d'un mécanisme visant réduire la déforestation à l'origine d'environ de 15% à 20% des émissions. Mais il n'apporte aucune nouveauté sur le niveau général de réductions des émissions, jugé unanimement trop faible pour atteindre l'objectif des deux degrés.
Une première victoire
L'absence d'échec est vécue comme une première victoire. De nombreux pays en développement ainsi que l'Union européenne, les Etats-Unis et la Chine se sont félicités du compromis obtenu. Cancun pose de "solides jalons" pour la suite des négociations, même si "aucune grande percée n'a eu lieu", a estimé pour sa part la délégation suisse à Cancun.
Les ONG environnementales sont plus prudentes. "Cancun a peut- être sauvé le processus mais pas encore le climat", a ainsi dit Wendel Trio, de Greenpeace. Pour le WWF Suisse, le résultat obtenu constitue "un cadeau de Noël avant l'heure", mais les "gros morceaux restent".
ats/ant
Satisfaction à Berne
Cancun pose de "solides jalons" pour la suite des négociations, a estimé la délégation suisse à la conférence sur le climat. Des "progrès substantiels" ont été réalisés par rapport à la conférence de Copenhague, même si "aucune grande percée n'a eu lieu".
"L'accord de Cancún est un compromis. Il contient des points sur lesquels tous ne sont pas d'accord. Mais nous l'avaliserons tout de même", a déclaré Bruno Oberle, directeur de l'office fédéral de l'environnement, chef de la délégation suisse.
Certaines questions "essentielles", comme l'engagement contraignant de pays non signataires du Protocole de Kyoto sont reportées à l'année prochaine, reconnaît la délégation suisse.
Celle-ci salue toutefois des avancées, comme les mesures portant sur l'utilisation des forêts dans les pays en voie de développement.
La délégation helvétique a de même "largement contribué" à la décision de créer un "fonds vert pour le climat", qui doit aider les pays pauvres à s'adapter au changement climatique, faisant une proposition en ce sens durant les négociations.
Cadeau de Noël avant l'heure
Pour le WWF Suisse, le résultat obtenu à Cancun constitue "un cadeau de Noël avant l'heure", lié toutefois à "beaucoup de travail ultérieur". L'organisation écologiste salue notamment la création d'un fonds Vert pour le climat et de mécanismes contre l'utilisation des forêts.
Certes, nuance-t-elle dans un communiqué diffusé samedi, les "gros morceaux restent": le devenir du protocole de Kyoto n'a pas été tranché et les pays émergents n'ont pas promis de mesures contraignantes.
Le WWF salue par ailleurs la décision de maintenir le réchauffement au-dessous de 2 degrés.