Le frère de la victime, joint par téléphone par la RSR (écouter le témoignage ci-contre), explique qu'elle regardait une manifestation depuis le logement familial, au 2e étage d'un immeuble surplombant la rue où se déroulaient les évènements. Un policier aurait alors tiré une balle qui a touché la victime au cou, à proximité de l'oreille. Elle serait décédée sur place. Le drame s'est produit à Dar Chaabane, près de la station balnéaire de Hammamet.
Double nationale Suissesse et Tunisienne, mariée à un Suisse et vivant dans le Nord-Vaudois, elle s'était rendue en Tunisie pour y passer des vacances auprès de sa famille. Elle aurait dû rentrer en Suisse vendredi. avait travaillé pendant 30 ans dans le milieu hospitalier en Suisse.
Evoqué dans un premier temps, le CHUV a démenti que la victime était infirmière dans l'établissement ou qu'il s'agissait d'une personne à la retraite. Avec le mari de la victime, qui s'est rendu en Tunisie dans la journée, le frère prévoit de déposer plainte contre les forces de sécurité, accusant la police d'avoir visé volontairement sa soeur.
Le DFAE déconseille les voyages en Tunisie
Le Département fédéral des affaires étrangères a confirmé ce décès à la mi-journée, sans en préciser les circonstances. Pour des raisons de protection des données et des personnes, il n'a pas transmis davantage d'informations. Il a toutefois fait savoir dans un communiqué que l'ambassade de Suisse à Tunis ainsi que les services de la centrale étaient en contact avec les proches.
Le DFAE a également actualisé ses recommandations aux voyageurs. "Tant que la situation n'est pas clarifiée, il est déconseillé de se rendre en Tunisie pour des voyages touristiques ou autres qui ne présentent pas un caractère d'urgence", écrit-il sur son site Internet. "Une dégradation de la situation sécuritaire est possible", ajoutent les services de Micheline Calmy-Rey, estimant qu'il faut compter avec de nouvelles violences.
D'autres décès à Tunis
Après une nuit déjà très tendue, plusieurs autres actes violents ont été rapportés durant la journée en Tunisie. La capitale Tunis a été touchée pour la première fois par les violences. Malgré le couvre-feu qui a été imposé, une dizaines de personnes ont été tuées et une cinquantaine blessées. Des banques ont été saccagées, des voitures ont été calcinées et plusieurs bâtiment officiels ont été attaqués. Les manifestants, qui protestent notamment contre la hausse du chômage, s'en sont surtout pris à des symboles de pouvoir et d'argent.
La Fédération internationale des ligues de droits de l'homme a affirmé jeudi détenir une liste nominative de 66 personnes tuées depuis le début des troubles en Tunisie mi-décembre, dont les 8 de la nuit. Une cinquantaine de personnes ont également été blessées. Ce bilan n'a pas été confirmé par les autorités.
Le ministère français des Affaires étrangères a par ailleurs confirmé le premier décès de l'un de ses ressortissants. Un professeur d'informatique franco-tunisien dans une université français a été tué par balles durant les manifestations. Le Premier ministre François Fillon a lui lancé un appel à la retenue et au dialogue et a fermement dénoncé pour la première fois la répression "disproportionnée" par les forces de sécurité
Les services du président Ben Ali ont de leur côté annoncé que le chef de l'Etat allait à nouveau s'exprimer aux Tunisiens dans la soirée.
agences/boi
Des mesures fermes demandées
Après ce décès par balle, le coordinateur du Comité de soutien du peuple tunisien Anouar Gharbi a exigé que la Suisse rappelle son ambassadeur à Tunis pour "protester contre cet acte criminel et demander des explications".
Il demande aussi que le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et les autres responsables de violences soient jugés.
Selon lui, les manifestants étaient "pacifiques" et scandaient des slogans appelant au départ de la "bande de voleurs corrompus" au pouvoir depuis 23 ans.
Le parti communiste genevois réclame également que la Confédération rompe "toutes relations" avec la Tunisie. Dans un communiqué, il dénonce "la répression sanglante de l'expression populaire et les arrestations arbitraires qui démontrent une nouvelle fois le caractère criminel du régime tunisien".