L'asthme est la maladie chronique la plus fréquente chez l'enfant en Europe. Elle est conditionnée d'une part par des facteurs génétiques, de l'autre par l'environnement. Plusieurs études ont montré ces dernières années chez les enfants d'agriculteurs un risque d'asthme nettement moins élevé.
La nouvelle étude, publiée dans le "New England Journal of Medicine", affirme que cette protection est due principalement au fait qu'ils sont exposés à une plus grande variété de microbes que les autres enfants. Et cela est valable de manière plus générale, également pour ceux qui ne sont pas fils de paysan: plus la variété de microbes est importante, plus le risque d'asthme est réduit.
Des bactéries et moisissures aux effets positifs
Ces travaux s'appuient sur les données de deux études de longue durée menées en Suisse, en Allemagne et en Autriche. Les chercheurs ont prélevé des échantillons de poussière dans les chambres à coucher de plus de 900 enfants et y ont recherché l'ADN de différentes bactéries et spores de champignons.
Les scientifiques ont aussi constaté que certaines familles de bactéries et de champignons jouent un rôle particulièrement important. "La variété des germes est importante, mais certains semblent plus importants que d'autres", explique Charlotte Braun-Fahrländer, de l'Institut tropical et de santé publique de l'Université de Bâle, co-auteure de l'étude.
Parmi ces organismes à effet protecteur figurent certains bacilles - des bactéries en forme de bâtonnets - et des spores de moisissures du genre Eurotium. A première vue, cela semble contradictoire puisque les moisissures sont aussi réputées pour provoquer l'asthme, écrivent les chercheurs. Mais la variété des moisissures est énorme et différentes espèces peuvent avoir différents effets, estiment-ils.
Vers un vaccin?
Ces résultats pourraient aider à prévenir l'asthme. Il s'agit maintenant d'examiner un à un les candidats pouvant peut-être servir de base à l'élaboration d'un vaccin, écrit l'Université Ludwig Maximilian de Munich dans un communiqué.
Mais le chemin sera encore long, selon Charlotte Braun-Fahrländer. On ne sait pas comment l'effet protecteur prend forme. Il y a différentes théories, explique la spécialiste. L'une d'elles est qu'une certaine combinaison de germes stimule le système immunitaire de telle manière que la surréaction caractéristique de l'asthme ne se produit pas.
Selon une autre hypothèse, une variété de microorganismes retiendrait les germes nuisibles loin des voies respiratoires inférieures, un peu comme la flore intestinale protège le tube digestif des bactéries indésirables.
ats/ant