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G8: l'Italie non coupable du décès d'un manifestant

La commémoration de la mort de Carlo Giuliani a lieu à Gênes chaque été. [Luca Zennaro]
La commémoration de la mort de Carlo Giuliani a lieu à Gênes chaque été. - [Luca Zennaro]
La Cour européenne des droits de l'Homme a innocenté jeudi l'Italie dans la mort de Carlo Giuliani, le manifestant tué par un policier lors de heurts en marge du G8 de Gênes en 2001.

"Le recours à un moyen de défense potentiellement meurtrier, tels des coups de feu, était justifié", estime dans son arrêt définitif la cour de Strasbourg. Le carabinier "a agi dans la conviction honnête que sa propre vie et celles de ses collègues se trouvaient en péril du fait de l'agression", souligne les juges.

"Il ressort par ailleurs clairement qu'il a procédé à des sommations en tenant son arme de manière bien visible et que ce n'est que face à la poursuite de l'agression qu'il a tiré les coups de feu", écrit la cour.

Dernier recours

Carlo Giuliani, alors âgé de 23 ans, avait reçu une balle dans la tête pendant de violents affrontements entre carabiniers et militants altermondialistes le 20 juillet 2001. Une voiture de police lui avait en outre roulé sur le corps après le coup de feu.

Les circonstances de son décès avaient suscité une vive émotion internationale et des critiques contre le gouvernement de Silvio Berlusconi. La famille du jeune homme s'était tournée vers la CEDH en dénonçant le classement sans suite, en 2003, des poursuites contre l'auteur du coup de feu.

Elle dénonçait une atteinte au droit à la vie, un traitement inhumain, un usage excessif de la force et une mauvaise organisation des forces de l'ordre.

Dans un premier jugement en août 2009, la Cour avait condamné les autorités italiennes pour des manquements dans l'enquête sur ce décès, sans retenir l'usage excessif de la force et les dysfonctionnements dans le dispositif de maintien de l'ordre.

La force justifiée

Jeudi, les juges ont estimé par 13 voix contre 4 que "l'enquête a été suffisamment effective pour déterminer si le recours à la force avait été justifié et si l'organisation des opérations de police avaient été conformes à l'obligation de protéger la vie".

Ils ont également considéré qu'il n'y avait pas lieu d'examiner la plainte pour "traitement inhumain". Ni la famille ni l'avocat de Carlo Giuliani n'étaient présents à la lecture de l'arrêt.

La représentante du gouvernement italien s'est déclarée "satisfaite" du jugement qui intervient une semaine après une autre décision favorable à Rome. Le 18 mars, les juges de Grande chambre ont infirmé une première décision condamnant l'Italie sur la présence de crucifix dans les écoles publiques.

Ils ont estimé que ce symbole religieux est conforme à la Convention européenne des droits de l'Homme car il n'a "pas d'influence sur les élèves".

afp/olhor

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