Modifié

Trop de jeunes restent accros à l'alcool

Selon une étude, 27% des garçons et 13% des filles de 15 ans boivent de l'alcool chaque semaine. [KEYSTONE - Gaetan Bally]
Selon une étude, 27% des garçons et 13% des filles de 15 ans boivent de l'alcool chaque semaine. - [KEYSTONE - Gaetan Bally]
La consommation d'alcool, de tabac et de cannabis chez les jeunes de 11 à 15 ans est restée globalement stable en 2010 par rapport à 2006. Mais les comportements à risque augmentent chez les filles et les garçons fument plus de cigarettes.

Selon une étude menée par Addiction Info Suisse, 20% des jeunes de 15 ans boivent de l'alcool chaque semaine, contre 21% en 2006. La stabilité est également de mise pour le tabac et le cannabis, a indiqué mardi devant la presse Michel Graf, directeur d'Addiction Info Suisse.

En 2010, 17% des jeunes de 15 ans fumaient des cigarettes chaque semaine, contre 15% en 2006. En ce qui concerne le cannabis, ils étaient 29% en 2010 à en avoir déjà consommé une fois dans leur vie, soit quasiment la même proportion que quatre ans auparavant. Pour les trois substances, les garçons sont plus enclins à être consommateurs.

Comportements à risques

Cette disparité selon le sexe s'est accrue dans les quatre dernières années, que ce soit pour l'alcool, le tabac ou le cannabis. Ainsi, les garçons de 15 ans fumant des cigarettes chaque semaine sont passés de 15% en 2006 à 19% en 2010, alors que chez les filles cette proportion a stagné autour de 15%.

Cependant, pour ce qui est des comportements à risques, les filles ont tendance à se rapprocher des garçons. Ainsi, à l'âge de 15 ans, elles étaient 21% à avoir vécu au moins deux ivresses dans leur vie en 2010 contre 19% quatre ans auparavant. De même, les filles étaient deux fois plus nombreuses en 2010 à consommer des spiritueux, passant de 2,3% en 2006 à 5,2%.

De manière générale, un jeune sur dix fume quotidiennement des cigarettes et un sur trois s'enivre chaque mois, s'alarme M. Graf. Un tel style de consommation à l'adolescence a de fortes de chances de mener à une dépendance à l'âge adulte, rappelle-t-il. Addiction Info Suisse souhaite travailler sur la détection précoce afin de mieux répondre à ce genre de comportement.

"Boire pour oublier"

Les raisons qui poussent les adolescents à boire de l'alcool ou à fumer du cannabis sont sensiblement les-mêmes. Pour 76% d'entre eux, boire permet de "mieux apprécier une fête", et 86% estiment que fumer des joints est "amusant". Toutefois, près d'un tiers des jeunes de 15 ans dit boire pour "oublier ses problèmes" ou pour chercher du "réconfort", un pourcentage particulièrement inquiétant, souligne M. Graf. D'autant plus que les sondés sous-estiment probablement ce genre de raison.

Achat trop facile

La stabilité de la consommation chez les jeunes ne doit pas décourager la prévention, a martelé M. Graf. Celui-ci écarte l'idée que l'on soit arrivé à un seuil incompressible. "Il est encore possible d'améliorer la situation". M. Graf souhaite notamment combattre un accès trop facile aux différentes substances pour les jeunes.

Près des deux tiers d'entre eux ont pu se procurer leurs cigarettes sans l'aide d'un tiers, que ce soit dans un magasin, un bar ou grâce à un automate. Pour ce qui est de l'alcool, 28% des jeunes de 15 ans ont pu en acheter en magasin ou en commander dans un bar ou un restaurant.

Enquête représentative

Pour remédier à cette situation, M. Graf appelle à une application plus stricte des mesures de protection de la jeunesse. Les achats tests doivent notamment être multipliés. Une interdiction nationale de la vente de tabac aux moins de 18 ans serait aussi la bienvenue.

L'étude "Health Behaviour in School-aged Children" (HBSC) 2010 a été menée en Suisse auprès de 628 classes, soit plus de 10'000 élèves de 11 à 15 ans. L'étude est effectuée en parallèle dans 40 pays, sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé.

Pour 2010, une comparaison internationale n'est pas encore possible, du fait de la complexité des données, explique M. Graf. La Suisse participe à l'étude HBSC, qui a lieu tous les quatre ans, depuis 1986.

ats/olhor

Publié Modifié