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Tamedia étudie la vente de ses activités radio et TV

Les parts de Tamedia dans les télévisions et radios plus considérées comme stratégiques.
Les parts de Tamedia dans les télévisions et radios plus considérées comme stratégiques.
Le groupe de presse zurichois Tamedia, dans le contexte de sa prise de contrôle du vaudois Edipresse, étudie une vente de ses activités liées à la radio et à la télévision, y compris La Télé.

"Nous ne croyons pas à la convergence de tous les genres de médias", a déclaré mardi devant la presse Pietro Supino, président du conseil d'administration de Tamedia. Le groupe zurichois a décidé de se recentrer sur ses activités de base: les journaux, magazines et les activités en ligne.

Le risque lié à l'attribution des concessions a été l'élément déterminant dans la décision de Tamedia, a expliqué Pietro Supino. Il s'agit d'un "facteur incalculable", "dépendant de décisions politiques", a-t-il ajouté. La maison d'édition en a fait les frais en 2008. Elle avait alors vu la concession pour la région de Zurich lui échapper au profit de Tele Top, la chaîne régionale de Winterthour. Une décision que Pietro Supino a qualifié mardi d'"incompréhensible".

Le rachat d'Edipresse, qui n'exerce pas d'activités propres dans le secteur des chaînes de radio et de télévision, ne permet en outre pas de synergie, explique Tamedia. Le groupe détient TeleZüri, TeleBärn, Radio 24 et Capital FM.

Assurances pour La Télé

Les participations d'Edipresse à la chaîne valdo-fribourgeoise La Télé font partie du lot. "La décision est irréversible", a affirmé Pietro Supino. "Nous allons chercher le dialogue avec nos partenaires pour trouver une solution qui ne mettra pas en danger le beau projet qu'est la chaîne".

Les discussions avec les acheteurs potentiels seront lancées dans les semaines à venir, a indiqué le directeur de Tamedia Martin Kall. Le groupe s'est fixé plusieurs critères. "Nous voulons remettre nos activités en de bonnes mains", a-t-il souligné.

Ringier sur les rangs

Le concept présenté aura un grand poids. Il faudra également que "les perspectives pour les employés soient meilleures que ce que nous pouvons leurs offrir". Le prix proposé jouera bien sûr aussi un rôle. Tamedia s'est fixé jusqu'à la fin de l'année pour examiner les offres.

Sur les rangs des acheteurs potentiels figure Ringier. Le groupe zurichois avait parlé de ses vues éventuelles sur TeleZüri lors de la présentation de son bilan annuel la semaine dernière.

Tamedia souhaite également se défaire des "Revue Automobile" et "Automobil Revue". Cette branche est dominée par les grands éditeurs internationaux, explique le directeur Martin Kall.

Bénéfice net plus que doublé

Si certaines activités sont sur la sellette, Tamedia a redressé son bilan financier en 2010. Son bénéfice net a plus que doublé pour atteindre 110,8 millions de francs. Ce résultat n'avait pas dépassé 46,7 millions en 2009. Le chiffre d'affaires a bondi de 7,6% à 806,3 millions de francs. La seule activité touchant aux journaux a vu le sien progresser de 5,1% pour s'établir à 521,1 millions. Ce bon résultat a été soutenu par l'achat de plusieurs journaux régionaux zurichois et une conjoncture meilleure que prévue.

Les mesures d'économie ont quant à elles compensé le recul du chiffre d'affaires du secteur des services (imprimerie, informatiques, etc) et la baisse des volumes et des prix d'impression. Au niveau opérationnel, le résultat avant intérêts et impôts (EBIT) a lui aussi plus que doublé (+121,5%) pour s'inscrire à 112,4 millions de francs.

Critiques des syndicats

En réaction à ces chiffres positifs, les syndicats des médias Impressum et Syndicom ont appelé Tamedia à prendre des mesures en faveur des employés. Le premier demande que les personnes licenciées soient réengagées. Le second exige une hausse des salaires. Tamedia rappelle que la fusion complète avec Edipresse Suisse interviendra en 2011 déjà, avec deux ans d'avance.

Dans ce cadre, l'actuel directeur du Groupe Edipresse Tibère Adler se porte candidat au conseil d'administration en remplacement de Karl Dietrich Seikel, qui démissionne. L'élection aura lieu le 6 mai lors de l'assemblée générale.

agences/lan

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La chaîne La Télé confiante

"Nous avons des partenaires forts. Edipresse n'est qu'un actionnaire parmi d'autres", a déclaré mardi le directeur Christophe Rasch. La Télé va continuer. "Notre projet reste le même. Nous allons le développer à la même vitesse", a-t-il ajouté.

Le syndic de Lausanne Daniel Brélaz, qui est membre du Conseil d'administration, s'interroge sur les conséquences de ce désengagement à moyen terme. Il souligne que les pouvoirs publics, qui détiennent environ 40% du capital de la chaîne régionale, ne pourront pas racheter les actions d'Edipresse.

Syndic de Vevey et également membre du Conseil d'administration de La Télé, Laurent Ballif doute qu'Edipresse puisse vendre sa participation. "Il n'y a pas de marché: personne ne veut acheter", a-t-il lancé. A moins que le volet fribourgeois - le groupe St-Paul notamment - veuille s'engager davantage.

Un ouvrage sur l'avenir de la presse

L'essayiste et journaliste Christian Campiche, par ailleurs rédacteur en chef d'Edito - un magazine traitant spécifiquement des médias -, et son confrère Richard Aschinger ont publié l'ouvrage "Info popcorn" (Ed. Eclectica, Genève) dans lequel ils passent au crible la presse suisse et tracent quelques perspectives d'avenir, plutôt sombres, pour l'activité journalistique et la presse écrite du pays.