Malgré les raids de l'Alliance atlantique, les troupes gouvernementales libyennes poursuivent plus que jamais leurs attaques contre Misrata, à 220 km à l'est de Tripoli, où au moins 250 personnes auraient péri depuis six semaines. Elles pilonnent également les insurgés à Ajdabiah, sur la route de Benghazi, fief de la rébellion.
"Il faut que l'OTAN joue pleinement son rôle. L'OTAN a voulu prendre la direction militaire des opérations, nous l'avons accepté, elle doit jouer son rôle aujourd'hui, c'est-à-dire éviter que Kadhafi n'utilise des armes lourdes pour bombarder des populations", a dit le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.
La France, a précisé Alain Juppé, devait soulever ce point lors d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères dans la journée à Luxembourg, ainsi que jeudi et vendredi à Berlin devant le Conseil de l'Atlantique Nord.
Autres pays "bienvenus"
Son homologue britannique, le secrétaire au Foreign Office William Hague, a également demandé que l'Alliance intensifie ses efforts. "C'est la raison pour laquelle le Royaume-Uni a fourni ces dernières semaines davantage d'avions capables de frapper des cibles qui, au sol, menacent la population civile (...). Bien sûr, il serait bienvenu que d'autres pays en fassent de même", a-t-il dit à son arrivée à Luxembourg.
Les ministres italien, français et britannique de la Défense devaient par ailleurs se réunir dans la soirée à Rome pour examiner aussi les moyens d'accentuer la pression militaire sur Kadhafi. L'Italie n'a pas exclu de se joindre aux opérations.
L'Alliance atlantique a pris le 31 mars la direction des opérations en Libye à la suite des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne.
L'OTAN se défend
L'OTAN a intensifié ses attaques aériennes durant le week-end autour de Misrata et d'Ajdabiah, détruisant plusieurs chars des forces kadhafistes. Elle rejette les critiques des Français et des Britanniques. Dans un communiqué, elle souligne qu'elle "mène avec vigueur ses opérations militaires en Libye dans le cadre du mandat qui lui a été attribué" et que "le rythme des opérations est déterminé par la nécessité de protéger la population civile".
Une "feuille de route" pour la paix présentée par l'Union africaine (UA) a été acceptée dimanche soir par Mouammar Kadhafi. Elle prévoit un cessez-le-feu et l'acheminement de l'aide humanitaire. Mais les rebelles l'ont rejetée: ils exigent avant tout le départ du "Guide" de la Jamahiriya libyenne.
Accusation du CNT
Le Conseil national de transition (CNT) des insurgés libyens a présenté mardi n plan de transition démocratique prévoyant une constitution et des élections sitôt Mouammar Kadhafi parti.
Les forces loyales à Mouammar Kadhafi ont tué à ce jour quelque 10'000 personnes lors des combats en Libye, blessé 30'000 et 20'000 sont portées disparues, a encore affirmé mardi un représentant du CNT, Ali Al Isawi.
"Nous attendons du monde entier un soutien complet à la résolution 1973" du conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye, "à savoir principalement la protection des civils", a-t-il déclaré à la presse à l'issue d'une rencontre avec les ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg.
Navire humanitaire
Sur le front dans l'est du pays, l'artillerie de Kadhafi a bombardé mardi en milieu de journée l'entrée ouest d'Ajdabiah, sur la route de Benghazi. Les combats ont fait au moins trois morts parmi les rebelles dans la matinée. Dans l'Ouest, un navire venu d'Italie est attendu dans le port de Misrata pour évacuer des centaines de travailleurs immigrés, a annoncé l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Auparavant, il doit apporter de l'aide humanitaire à Benghazi.
agences/lan
Les prix élevés du pétrole affectent la demande
Les prix élevés du pétrole commencent à affecter la demande, qui tend à faiblir depuis quelques mois, tandis que l'offre a été nettement plombée par les arrêts de production en Libye, a souligné mardi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
La production mondiale de pétrole a de son côté chuté en mars, de 700'000 barils par jour à 88,3 mbj, en raison d'une baisse de production en Libye de près de 70%. Celle-ci est tombée d'environ 935'000 bj à 450'000 bj en mars et est désormais quasiment au point mort après l'attaque de plusieurs champs pétroliers dans l'est du pays, selon l'AIE.
"Il y a un vrai risque qu'un pétrole se maintenant à plus de 100 dollar le baril ne soit pas compatible avec le rythme de la reprise économique", écrit l'agence dans son rapport mensuel. L'AIE, dont le siège est à Paris, a déjà observé que "la croissance de la demande mondiale de pétrole montre des signes de ralentissement depuis quelques mois, affectée par les prix très élevés".
Après six révisions à la hausse consécutives, l'Agence maintient toutefois ses prévisions inchangées de demande d'or noir pour cette année: elle prévoit comme le mois dernier que la demande atteindra 89,4 mbj cette année (+1,6% par rapport à l'an dernier).
L'Agence s'attend à une demande en hausse de la part des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), prévoyant notamment que le Japon va accroître sa consommation dès le deuxième trimestre 2011 pour reconstruire le pays après la catastrophe nucléaire. La demande des pays non membres de l'OCDE est à l'inverse attendue en baisse par l'AIE.