Modifié

La France voudrait suspendre l'Accord de Schengen

Plus de cinq mille tunisiens sont arrivés ces derniers jours sur l'île italienne de Lampedusa.
Des milliers de Tunisiens sont arrivés sur l'île italienne de Lampedusa ces derniers temps.
La France envisage de demander la suspension provisoire des accords européens de libre circulation de Schengen pour faire face à l'afflux de migrants clandestins de Libye et de Tunisie.

L'Elysée estime que la gouvernance de Schengen est aujourd'hui "déficiente". "Ce qu'il nous semble, c'est qu'il faut réfléchir à un mécanisme qui permette, lorsqu'il y a une défaillance systémique à une frontière extérieure de l'Union européenne, d'intervenir en prévoyant une suspension provisoire, le temps que la défaillance soit réglée", ont communiqué des sources proches de l'Elysée.

Ce dossier de l'immigration est un des points les plus sensibles du sommet franco-italien qui aura lieu mardi prochain à Rome, avec le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi et le président français Nicolas Sarkozy.

Colère italienne

Dimanche dernier, Paris avait provoqué la colère des Italiens en suspendant la circulation des trains depuis la ville italienne de Vintimille vers le sud-est de la France, estimant qu'un train avec à bord des manifestants voulant accompagner des immigrés tunisiens posait un risque de désordre public.

La France, de son côté, est irritée par l'Italie qui a décidé d'octroyer des permis de séjour de six mois aux plus de 20'000 Tunisiens arrivés sur ses côtes depuis janvier, pour qu'ils puissent rejoindre "amis et parents" en France et ailleurs en Europe.

"Il y a une règle qui prévaut dans les accords de Schengen qui est que le premier pays d'entrée gère les populations migrantes", avait rappelé lundi à cet égard le ministre français de l'Intérieur Claude Guéant.

Mesure évoquée par Claude Guéant

Il avait souligné que les ressortissants étrangers auxquels l'Italie donne des autorisations provisoires devaient montrer qu'ils disposent des ressources financières pour séjourner dans le pays de second séjour et pour rentrer chez eux ensuite. En l'absence de ces ressources, "nous reconduisons ces personnes en Italie, qui est le pays de premier séjour", avait encore dit Claude Guéant.

Les bouleversements en Afrique du Nord, surtout en Tunisie et en Libye, ont entraîné l'arrivée en Italie de nombreux immigrés clandestins de ces pays. Une fois dans l'espace Schengen, ils peuvent se rendre dans les 24 autres pays européens qui en sont membres. La situation provoque aussi de vives inquiétudes en Suisse.

Bruxelles pas au courant

La présidence française préconise de "renforcer FRONTEX" (Agence européenne de surveillance des frontières), ou encore de "réfléchir à un mécanisme de clause de sauvegarde", selon une source à l'Elysée.

La "volonté de la France est de renforcer Schengen", a encore affirmé cette source, en rappelant la proposition de Paris de créer un corps de garde-frontières.

La Commission européenne a de son côté indiqué vendredi à l'AFP ne pas avoir été "notifiée de cette intention" de la France de suspendre provisoirement Schengen. Son porte-parole Mark Gray a rappelé qu'une reprise temporaire des contrôles aux frontières devait être dûment argumentée.

agences/olhor

Publié Modifié