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Guantanamo: innocents gardés mais suspects libérés

WikiLeaks a publié des documents relatifs à 704 des 779 hommes passés par la prison de Guantanamo, sur la base navale américaine de Cuba. [Jason Reed]
WikiLeaks a publié des documents relatifs à 704 des 779 hommes passés par la prison de Guantanamo, sur la base navale américaine de Cuba. (Photos: action symbolique devant la Maison blanche). - [Jason Reed]
Les Etats-Unis ont gardé au secret à Guantanamo pendant des années des centaines de détenus innocents ou sans grand danger, mais libéré des dizaines de prisonniers "à haut risque", selon des documents révélés par le site WikiLeaks.

Le site internet a donné dimanche soir à plusieurs médias occidentaux, principalement des quotidiens, des documents militaires datant de 2002 à 2009 et relatifs à 704 des 779 hommes passés par la prison de Guantanamo, sur la base navale américaine de Cuba.

Certains d'entre eux étaient détenus sur la foi de renseignements obtenus d'autre prisonniers atteints de maladie mentale ou jugés peu fiables par l'interrogateur lui-même, ou encore après des aveux extorqués sous la torture, selon le "New York Times". D'autres étaient des homonymes d'hommes réellement recherchés.

Un fermier afghan pauvre a ainsi passé deux ans à Guantanamo, à la place d'un chef de guerre taliban portant le même nom que lui. Des documents officiels publiés par le "New York Times" donnent une vision assez complète de l'origine de ces erreurs.

Signes distinctifs de culpabilité

Les interrogateurs étaient par exemple sommés de traquer les hommes portant une montre Casio F91W, très courante à l'époque mais utilisée par Al-Qaïda dans ses entraînements pour poser des bombes.

L'absence de documents de voyage, la possession d'une calculatrice ou l'implication dans une oeuvre de charité étaient également considérés comme un aveu. Environ 380 détenus ont été très vite reconnus comme des militants sans importance.

Les exemples inverses sont également nombreux. Un jeune homme assurant s'être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment a ainsi convaincu ses interrogateurs, qui ont ensuite compris qu'ils avaient libéré Abdulhah Mehsoud, un extrémiste taliban qui a commis plusieurs attentats après sa sortie de Guantanamo.

Quelque 200 détenus définis comme à "haut risque" parce qu'ils pouvaient constituer une "menace future contre les Etats-Unis ou contre les intérêts des Etats-Unis" ont été libérés ou extradés vers des pays tiers au moment où Washington était sous pression pour vider la prison, selon le "New York Times".

Bombe en Europe et cyanure aux USA

L'administration Obama a déploré la publication "malheureuse" de ces documents et s'est défendue en expliquant avoir "fait tout ce qu'elle pouvait pour agir avec le plus grand soin et la plus grande application dans le transfèrement des détenus de Guantanamo".

Selon un autre document, le cerveau des attentats du 11 Septembre, Khalid Cheikh Mohammed, a affirmé à ses interrogateurs qu'Al-Qaïda avait caché une bombe nucléaire en Europe prête à être déclenchée si Oussama ben Laden était pris ou tué.

Al-Qaïda réfléchissait également au recrutement d'employés de l'aéroport londonien d'Heathrow pour un attentat et avait également imaginé de verser du cyanure dans les conduites d'aération de bâtiments publics aux Etats-Unis.

On apprend aussi que Ben Laden s'attendait à être tué ou capturé lors de l'offensive des Etats-Unis en Afghanistan à l'automne 2001 et avait transmis à cet effet ses pouvoirs aux talibans.

Détenus mineurs

Comme par le passé, WikiLeaks a fourni ces documents à plusieurs médias dont le "Washington Post", "El Pais", "Le Monde", "Der Spiegel" et "La Repubblica". Selon "Le Monde", "nombre de mineurs se sont retrouvés à Guantanamo alors qu'ils n'avaient absolument aucun lien avec les talibans".

La prison de Guantanamo accueille actuellement 172 détenus. Le gouvernement américain espère en rapatrier ou envoyer dans des pays tiers une petite centaine, en juger 33 pour "crimes de guerre" et prévoit d'en garder 48 indéfiniment derrière les barreaux sans procès.

La Maison Blanche a réitéré début avril son engagement à fermer à terme la prison, malgré la décision d'y juger les cinq accusés du 11 Septembre et non devant un tribunal de droit commun à New York.

afp/olhor

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Le renseignement pakistanais jugés comme une organisation terroriste

Des enquêteurs américains qui ont interrogé des prisonniers à Guantanamo considéraient les services de renseignement pakistanais comme une organisation terroriste, selon des documents révélés par le site WikiLeaks.

L'Inter-Services Intelligence (ISI, renseignements pakistanais) figure parmi quelque 70 organisations considérées comme "terroristes ou soutenant des entités terroristes" dans une liste secrète établie en 2007 par les Américains, selon ces documents qui étalent au grand jour la méfiance entre les deux alliés.

La liste, qui met l'ISI au même rang que le Hamas, le Hezbollah ou les renseignements iraniens, ennemis de longue date des Etats-Unis, apparaît dans un memorandum rédigé à Guantanamo et diffusé dimanche soir par WikiLeaks.

Sa publication survient quelques jours après une déclaration du plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, qui a accusé l'ISI d'entretenir des liens avec le réseau Haqqani des talibans afghans, dont la principale base-arrière est située dans les zones tribales pakistanaises.

Un secrétaire privé du président du Nicaragua serait un neveu de Kadhafi,

Un secrétaire privé du président du Nicaragua, Daniel Ortega, serait un neveu de son vieil allié, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, affirme lundi le journal costaricien "La Nacion", en s'appuyant sur des câbles diplomatiques américains révélés par le site internet WikiLeaks.

"L'ambassadeur a exprimé sa préoccupation concernant le choix d'Ortega de nommer l'ancien Libyen naturalisé Nicaraguayen Muhamad Lashtar comme son secrétaire personnel, en soulignant qu'il fut attaché commercial de l'ambassade de Libye à Managua dans les années 80 et présumé associé aux renseignements libyens", peut-on lire dans un télégramme daté de janvier 2007, quelques mois après l'élection d'Ortega.