La France et l'Italie sont favorables à une "réforme" du traité de Schengen face aux "circonstances exceptionnelles" actuelles, ont déclaré mardi le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi et le président français Nicolas Sarkozy à l'issue d'un sommet à Rome.
"Dans des circonstances exceptionnelles, nous croyons tous les deux qu'il doit y avoir des modifications au traité de Schengen sur lesquelles nous avons décidé de travailler ensemble", a déclaré Silvio Berlusconi, au cours d'une conférence de presse à l'issue du sommet.
"Nous voulons que Schengen vive, et pour que Schengen vive, Schengen doit être réformé", a de son côté affirmé Nicolas Sarkozy. "J'ai fait valoir au président Berlusconi que je comprenais parfaitement les problèmes de l'Italie, mais en termes de solidarité que la France était le pays d'Europe qui accueillait le plus de réfugiés", a-t-il encore affirmé.
Silvio Berlusconi a d'ailleurs reconnu que la France avait fait un effort "plus important" que l'Italie en matière d'accueil d'immigrés tunisiens, en soulignant que la France en avait accueilli "cinq fois plus" que son pays.
Rétablissement des frontières
Il a annoncé que lui-même et Nicolas Sarkozy avaient envoyé une lettre commune au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, pour demander "une plus grande collaboration" des autres pays européens avec les pays de la rive sud de l'UE. Ces pays "ne peuvent être laissés seuls", a-t-il dit.
Dans cette lettre, dont le texte a été communiqué à la presse, Paris et Rome demandent notamment à Bruxelles d'"examiner la possibilité de rétablir temporairement le contrôle aux frontières intérieures" des Etats-membres, "en cas de difficultés exceptionnelles dans la gestion des frontières extérieures communes, dans des conditions à définir".
"Le Conseil européen de juin doit donner l'impulsion politique permettant de dépasser les obstacles pour prendre des décisions concrètes en réponse aux difficultés actuelles", estiment MM. Sarkozy et Berlusconi, pour lesquels "la principale priorité pour l'Union européenne est de trouver très rapidement un accord global avec ses voisins du Sud de la Méditerranée".
Demande de solidarité financière
Les deux dirigeants demandent en outre que les "mécanismes de solidarité financière" à l'égard des Etats accueillant les immigrés soient "renforcés", tout en jugeant "fondamental" que "l'UE réalise un régime d'asile européen commun".
"Renforcer l'agence (européenne chargée des questions d'immigration) Frontex constitue un impératif majeur", car cette agence "a vocation à être le noyau d'un système européen de garde-frontières". Ces dernières semaines, la gestion des immigrés qui affluent d'Afrique du Nord depuis janvier avait été source de tensions entre l'Italie et la France.
La France avait été irritée notamment par la décision de Rome d'octroyer des permis de séjour de six mois aux Tunisiens arrivés sur ses côtes pour qu'ils puissent rejoindre "amis et parents" en France et ailleurs en Europe.
agences/vkiss