"Nous n'avons pas discuté d'une sortie de la Grèce de la zone euro, nous pensons tous que ce serait une option stupide", a annoncé à la presse le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, à l'issue de la rencontre dans un château près de Luxembourg.
Un abandon de la monnaie unique "est une voie que nous n'emprunterions jamais", a assuré M. Juncker car "nous ne voulons pas voir la zone euro exploser sans raison". De même, "nous avons exclu la restructuration de la dette grecque", un scénario "qui est activement discuté dans certains milieux sur les marchés financiers", a-t-il déclaré.
Marchés affolés
La réunion, qui s'est déroulée sans avoir été préalablement annoncée, a réuni notamment les ministres des Finances des quatre plus grands pays de la zone euro, ceux de l'Allemagne, Wolfgang Schäuble, de la France, Christine Lagarde, de l'Italie, Giulio Tremonti, de l'Espagne, Elena Salgado, ainsi que Jean-Claude Juncker.
Le ministre grec des Finances George Papaconstantinou, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, ont aussi participé aux discussions.
Le site d'information allemand Spiegel Online avait affolé les marchés un peu plus tôt dans la journée en affirmant que cette rencontre avait été convoquée en raison de la volonté exprimée par la Grèce de quitter la zone euro. Athènes a "catégoriquement" nié tout projet d'abandon de la monnaie unique et dénoncé une manoeuvre spéculatrice.
"De tels articles constituent une provocation, sapent l'effort de la Grèce et de l'euro et servent des jeux spéculatifs", s'est insurgé le ministère des Finances. Le ministère français des Finances a aussi jugé "totalement fantaisiste" l'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone euro, qui mettrait en péril le projet lancé en 1999.
Doutes des investisseurs
Selon une source européenne interrogée par l'AFP, les ministres des Finances se sont inquiétés lors de la réunion des difficultés de la Grèce à atteindre les objectifs qui lui ont été fixés en termes de réductions du déficit et d'assainissement de ses comptes et ont demandé à George Papaconstantinou de redoubler d'efforts. La situation est "difficile", a dit la source.
La Grèce a bénéficié l'an dernier d'un programme de prêts sur trois ans de 110 milliards d'euros de la part de l'UE et du Fonds monétaire international, en échange d'un plan d'économies drastique. Mais les investisseurs redoutent que le pays ne puisse rembourser toute ses dettes et revenir emprunter normalement sur les marchés à l'échéance de la période de trois ans.
Les rumeurs enflent du coup sur les places financières sur l'inéluctabilité d'une restructuration de sa dette publique, qui dépasse les 150% du PIB, quelle que soit la forme que prendrait une telle opération (décote, c'est à dire abandon d'une partie de leurs créances par les prêteurs, rééchelonnement ou autre).
Nombre de responsables allemands plaident aussi en faveur d'un tel règlement, qu'Athènes et la Banque centrale européenne notamment excluent pourtant catégoriquement, invoquant notamment les dommages pour les banques et fonds de pension grecs.
Dans la sillage de la Grèce, l'Irlande puis à présent le Portugal ont fait appel à l'aide internationale. Lisbonne vient de boucler des négociations en vue de prêts de 78 milliards d'euros.
afp/olhor