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Effets pervers des réseaux sociaux selon Amnesty

"Les gouvernements se battent pour reprendre l'initiative ou pour se servir de cette technologie contre les militants", souligne Amnesty International. [Heinz-Peter Bade]
"Les gouvernements se battent pour reprendre l'initiative ou pour se servir de cette technologie contre les militants", souligne Amnesty International. - [Heinz-Peter Bade]
Les Facebook, Twitter et autres réseaux du Net ont joué un rôle considérable dans les pays arabes mais la Toile pourrait tout aussi bien être utilisée par les dirigeants menacés pour asseoir leur pouvoir, a averti Amnesty International dans son rapport annuel publié vendredi. Celui-ci pointe aussi un bilan américain terni par Guantanamo.

"Il ne fait aucun doute que les médias sociaux ont joué un rôle très important en permettant à la population de se rassembler", a indiqué à l'AFP le secrétaire général de l'organisation, Salil Shetty. "Mais il faut également garder à l'esprit que cela donne aux gouvernements l'opportunité de réprimer la population", a-t-il souligné à l'occasion de la publication du rapport annuel d'Amnesty, basée à Londres, qui célèbre cette année son cinquantième anniversaire.

"Les gouvernements se battent pour reprendre l'initiative ou pour se servir de cette technologie contre les militants", avertit le document. Le "printemps arabe", débuté avec le soulèvement en Tunisie en début d'année, a fait tomber le président de ce pays, Zine El Abidine Ben Ali, puis le dirigeant égyptien Hosni Moubarak. Mais dans des pays comme la Libye ou la Syrie, les révoltes perdurent sans faire tomber le pouvoir en place.

"Les forces de la répression ont lancé une sérieuse contre-attaque", souligne Salil Shetty. En Libye, le régime du colonel Mouammar Kadhafi "s'est servi de manière systématique de l'internet et des médias sociaux très sophistiqués afin de réprimer la population".

Attention à l'instrumentalisation

Les portails internet et les sociétés de téléphonie mobile pourraient se rendre complices de régimes oppressifs, espionnant les activités de militants ou bloquant l'accès à la Toile, regrette Amnesty. En février, le géant britannique de la téléphonie mobile Vodafone a dit s'être plaint aux autorités égyptiennes, après avoir été obligé de diffuser à ses abonnés en Egypte des messages pro-Mubarak, sans qu'ils soient clairement attribués au gouvernement.

"Ils doivent éviter de se transformer en pions ou en complices de gouvernements répressifs qui veulent étouffer l'opinion publique et espionner leur population", avertit le rapport. En Egypte toujours, le régime avait par ailleurs bloqué à plusieurs reprises les accès à internet et à la téléphonie mobile, mais cela n'a pas totalement empêché les opposants d'organiser les rassemblements qui allaient mettre un terme, en février, au règne trentenaire de Hosni Moubarak.

Lutte pour le contrôle des réseaux

Prouvant le rôle primordial joué par le Net, les cybermilitants ont parfois remplacé les combattants des barricades au panthéon des héros révolutionnaires, à l'instar de Waël Ghonim, cadre chez Google devenu l'icône du soulèvement après avoir animé une page sur Facebook qui a fédéré des centaines de milliers d'opposants à Moubarak.

Le jeune trentenaire a passé 12 jours aux mains des redoutés services de sécurité d'Etat. En Chine, où les autorités craignent une contagion par le "printemps arabe", le contrôle de l'internet, déjà serré, a encore été intensifié. "Tentant de prévenir une insurrection du type de celle du Moyen-Orient, le gouvernement renforce la répression des militants", prévient Amnesty.

Plus de cent activistes, la plupart présents sur la Toile, ont disparu après un appel lancé sur le Net en février enjoignant la population au soulèvement, indique Amnesty. La bataille pour le contrôle des cyberréseaux "est incertaine", avertit Amnesty. "Comment cela finira-t-il? On ne le sait toujours pas".

agences/olhor


LE BILAN AMERICAIN TERNI PAR GUANTANAMO

Amnesty international estime dans son rapport annuel que le bilan américain en matière de droits de l'homme est terni par le cas de prisonniers détenus sans procès à Guantanamo et en Afghanistan ainsi que par le système de la peine capitale générateur d'erreurs judiciaires.

L'organisation de défense des droits de l'homme basée à Londres a rappelé que les Etats-Unis avaient exécuté 46 prisonniers en 2010, dont la défense, la culpabilité ou encore la santé mentale pour plusieurs d'entre eux étaient douteuses.

A la fin 2010, la prison militaire de Guantanamo accueillait 174 détenus (172 aujourd'hui), parmi lesquels figuraient "trois hommes jugés par un tribunal militaire qui ne respecte pas les critères d'équité internationaux en matière de procès".


DROITS DE L'HOMME VIOLES EN AFRIQUE

Les forces de l'ordre continuent de violer les droits de l'Homme dans de nombreux pays en Afrique, torturant et exécutant des suspects sans jugement, a déploré Amnesty International dans son rapport annuel publié vendredi.

L'usage excessif de la force et de mauvais traitements aboutit régulièrement à des homicides illégaux dans des pays tels que l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Mozambique ou l'Ouganda, relève l'organisation.

Au Nigeria, la situation dans le delta du Niger s'est détériorée en 2010, avec de nombreux enlèvements de travailleurs du pétrole et de leurs proches, ainsi que des attaques d'installations pétrolières par des groupes armés.

"La réaction des forces de l'ordre nigérianes a souvent conduit à des violations des droits de l'Homme, y compris des exécutions sans jugement et des tortures", écrit Amnesty International.

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Migrants et demandeurs l'asile subissent la majorité des violations des droits humains en Suisse

L'ONG s'inquiète notamment de la mise en pratique de l'initiative sur le renvoi des criminels étrangers. Le rapport souligne le danger constitué par les effets de l'initiative de l'UDC adoptée le 28 novembre. "S'ils étaient mis en pratique, ces renvois, pour lesquels il n'est pas prévu de droit de recours, bafoueraient les obligations de la Suisse au regard du droit international", selon Amnesty.

L'UDC avait déjà été critiquée par l'ONG dans son rapport de 2010 en ce qui concerne la montée du racisme et de la xénophobie dans le discours public en Suisse, notamment lors de la campagne sur l'initiative anti-minarets.

Le rapport rappelle également que le Comité de l'ONU contre la torture a exhorté la Suisse à ouvrir une enquête "indépendante et impartiale" sur les circonstances de la mort d'un demandeur d'asile nigérian décédé en mars à l'aéroport de Zurich lors d'une tentative de renvoi collectif. "D'après des témoins, les personnes devant être expulsées avaient les mains et les chevilles attachées", et "la tête recouverte d'un casque", observe-t-il.

Citant des agences des Nations unies, Amnesty relève en outre le besoin d'une "modification des dispositions législatives en matière d'immigration", afin de prévenir la violence domestique. Les dispositions en vigueur ont empêché des "femmes migrantes victimes de violence domestique de quitter un conjoint violent, de peur de perdre leur permis de séjour", note l'ONG. Toute victime de violence domestique devrait être mieux protégée par la loi suisse, estime AI. Et cela, pour lui permettre entre autres de porter plainte sans craindre des représailles.