Le prix Nobel de médecine et de physiologie a été attribué lundi au Britannique John B. Gurdon et au Japonais Shinya Yamanaka, a annoncé l'Institut Nobel à Stockholm. Cette distinction leur sera officiellement remise le 10 décembre, jour anniversaire de la mort d'Albert Nobel en 1896.
Les deux scientifiques sont récompensés pour avoir découvert que des cellules arrivées à maturité peuvent être reprogrammées pour revenir à un état antérieur, dans lequel elles sont immatures et à nouveau capables de se transformer pour appartenir à n'importe quel type de tissu du corps.
Leurs découvertes ont "révolutionné notre compréhension du développement des cellules et de l'organisme", souligne l'Institut Karolinska de Stockholm.
Spécialisation des cellules réversible
John Gurdon a découvert en 1962 que la spécialisation des cellules était réversible. Auparavant, on pensait qu'une fois qu'une cellule s’était spécialisée au cours de son développement pour appartenir à un tissu du corps en particulier, elle ne pouvait plus jamais revenir en arrière.
Le Britannique a montré que lorsqu'on remplaçait le noyau immature d'un œuf de grenouille par le noyau d’une cellule spécialisée, on obtenait quand-même un têtard normal. Cela prouvait que le noyau de la cellule spécialisée avait gardé toute l’information nécessaire pour former un nouvel organisme complet.
Plus de 40 ans plus tard, en 2006, Shinya Yamakana a montré que des cellules spécialisées de souris pouvaient être reprogrammées pour redevenir des cellules immatures. De façon étonnante, en introduisant juste quelques gènes supplémentaires, il était possible de reprogrammer des cellules spécialisées en cellules pluripotentes, c'est-à-dire en cellules immatures pouvant se transformer en n'importe quelle cellule du corps.
agences/jgal
Nouveaux domaines de recherche
En reprogrammant les cellules humaines, les scientifiques ont créé de nouvelles opportunités pour étudier les maladies et développer des méthodes de diagnostic et de traitement.
Par exemple, des cellules de la peau obtenues sur des patients atteints de diverses maladies sont reprogrammées puis étudiées en laboratoire pour comprendre en quoi elles diffèrent des cellules d'individus normaux.
Ceci constitue un outil inestimable pour comprendre le fonctionnement des maladies et répondre par des traitements adéquats.
Les réactions des scientifiques
L'un des deux lauréats du prix Nobel de Médecine 2012, le Britannique John Gurdon, s'est dit lundi "surpris et très reconnaissant" d'avoir été récompensé par le prix.
Contacté par la radio publique suédoise, le biologiste a confié être "surpris et immensément reconnaissant qu'un travail accompli il y a si longtemps soit récompensé". Il a ajouté avoir "beaucoup de gratitude d'avoir été reconnu en même temps que (Shinya) Yanamaka qui a fait un travail fantastique".
Il a indiqué s'être caché dans une réunion de laboratoire pour être sûr de ne pas dévoiler la nouvelle. Les lauréats sont traditionnellement prévenus peu avant l'annonce officielle.
Son colauréat, le médecin et chercheur japonais Shinya Yanamaka, a également été contacté par la radio alors qu'il était en réunion de laboratoire. Il n'avait pas le temps de commenter la nouvelle mais a exprimé sa grande surprise et son enthousiasme, a rapporté la radio.