Des explosions puissantes ont secoué vendredi en début d'après-midi le centre de Tripoli, après des détonations lointaines entendues le matin. Le premier ministre Baghdadi Mahmoudi a appelé à l'arrêt des raids de l'OTAN, répétant que le régime était prêt à un cessez-le-feu, quitte à "s'allier avec le diable pour stopper l'agression".
Baghdadi Mahmoudi a ainsi déclaré être prêt à dialoguer avec les Frères musulmans et les opposants qui étaient en exil, tout en excluant tout contact avec les anciens responsables du régime ayant rejoint la rébellion.
Un représentant spécial de la Russie pour l'Afrique a pourtant évoqué des discussions entre les deux parties. Mikhaïl Marguelov a précisé que des discussions avaient eu lieu "dans plusieurs capitales européennes, en France, en Norvège, en Allemagne" et dans d'autres pays.
Rencontres démenties
Rencontres démenties du côté des rebelles: il n'y a "pas de négociations en cours" avec le régime de Mouammar Kadhafi, a indiqué le dirigeant rebelle libyen Mahmoud Jibril à Naples, en Italie. Au cours d'une conférence de presse aux côtés du ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, Mahmoud Jibril a souligné que "si des négociations devaient avoir lieu", le CNT, organe politique de la rébellion, "s'était engagé à l'annoncer à tous ses amis de par le monde".
Aucun des deux camps de la crise libyenne n'a admis jusqu'à présent l'existence de négociations pour résoudre le conflit, les rebelles réclamant avant toute discussion le départ du colonel Kadhafi. Mais Tripoli reste inflexible sur cette question: "Mouammar Kadhafi est le leader de ce pays", c'est "une ligne rouge dans tout dialogue, a répété Baghdadi Mahmoudi.
Avancée des rebelles
Sur le terrain, la route reliant Zenten et Yefren, dans les montagnes berbères au sud de Tripoli, est désormais entièrement contrôlée par les rebelles, qui se sont emparés cette semaine de trois bourgades situées sur son tracé. Dix personnes ont été tuées et quarante blessées lors de bombardements des troupes loyalistes dans les environs de l'enclave rebelle de Misrata, ont indiqué les insurgés.
Des duels d'artillerie ont en outre éclaté vendredi entre les insurgés libyens et les forces loyalistes près de Zlitane. Cette ville, à 160 km à l'est de la capitale Tripoli, est, avec ses 110'000 habitants, la dernière grande ville côtière sur la route menant à Tripoli. La faire tomber représenterait une grande victoire pour les insurgés.
De violents combats faisaient également rage autour de la ville de Nalout, dans les montagnes de l'ouest. Les insurgés progressent lentement depuis quelques semaines dans ces montagnes ainsi qu'aux environs de Misrata, ce qui rapproche le front de Tripoli, à l'est et au sud-ouest de la capitale.
Sur le terrain diplomatique, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté de son côté vendredi une résolution, qui "condamne sans équivoque la détérioration de la situation des droits de l'homme" en Libye depuis février. La commission accuse notamment le régime libyen de mener des attaques systématiques contre la population et de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Par ailleurs, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a accusé les forces du colonel Kadhafi d'avoir érigé en "instruments de guerre" le viol et les "violences contre les femmes".
afp/cab
Mouammar Kadhafi se manifeste
Mouammar Kadhafi a averti vendredi, dans un message audio diffusé par la télévision, que l'Otan serait vaincue et ne réussirait pas à contraindre son régime à changer quoi que ce soit en Libye.
"Nous sommes décidés à ne rien changer dans notre pays si ce n'est par notre propre volonté et loin des avions de l'Alliance", a-t-il ajouté.
Le colonel Kadhafi a appelé les Libyens à se préparer à libérer leur pays: "Préparez-vous hommes et femmes à libérer la Libye tout entière".
Le colonel Kadhafi a appelé les "croisés, les lâches, fils de chien" à mettre leur télévision sur la chaîne libyenne pour voir "les masses solidaires avec le leader historique". Sur le fonds sonore du message du "Guide", la télévision libyenne diffusait des images d'un rassemblement pro-régime sur la place verte, dans le centre de Tripoli, regroupant quelques milliers de supporteurs.
Le message a été diffusé par des hauts parleurs sur la place verte où des partisans du colonel, notamment des femmes, étaient rassemblés, dans la plus grande manifestation pro-régime organisée dans la capitale libyenne depuis plusieurs semaines.