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Paléofutur: la fièvre acheteuse

Jack Ma, fondateur de l'empire Alibaba, a baptisé son modèle d'affaires "nouveau commerce". Son secret: assouvir les impulsions d'achat de l’homo connectus à toute heure, via un réseau combinant sites internet et surfaces de vente. Mais dites-moi Jack, votre nouveau commerce là, il est vraiment nouveau? Le décryptage de la chronique Paléofutur.

Retour en 1498, moment où l'imprimerie fut détournée de sa noble mission initiale - l’éducation - pour servir les bas intérêts des pionniers de la vente à distance. C’est l'Italien Aldo Manuzio, si, qui, cherchant de nouveaux débouchés pour ses livres, crée le premier catalogue regroupant tous ses titres. Puis d'autres apparaissent: graines, bulbes, liqueurs, outils, textiles, tout y passe, un peu comme sur internet aujourd'hui.

>> Pour voir la version animée de ce texte :

La fièvre acheteuse, un épisode de Paléofutur. [RTS Découverte - © CartoonBase]
Paléofutur Série 2 - La fièvre acheteuse / RTS Découverte / 3 min. / le 27 décembre 2019

Quelques siècles plus tard, le développement du réseau ferré et des postes aidant, un certain Pryce Pryce-Jones, inventeur du sac de couchage, lance l'un des premiers empires du commerce à distance! Fondée au Royaume-Uni, son entreprise s'étend rapidement à l'Europe et aux colonies, et compte 100’000 clients en 1880.

Au Bon Marché, la "cathédrale du commerce moderne"

En France, c'est le catalogue du Bon Marché et ses 1500 références qui débarque en 1865. L'enseigne, que Zola qualifie de "cathédrale du commerce moderne", invente l’expédition "franco de port", un système qui consiste à "offrir" les frais d’envoi. Et si aujourd'hui on s'inquiète de la consommation d'électricité des serveurs, à l'époque, on aurait pu se soucier des forêts: 6 millions de catalogues sont envoyés dans le monde entier en 1900 par le seul Bon Marché!

Et puis il y a l'entreprise qui utilise déjà à peu près tous les codes des commerçants du 21e siècle, alors qu'elle est lancée en... 1885, c’est la "Manufacture d'armes et cycles de Saint-Etienne", "la Manu" pour les intimes.

Manufrance vend les produits qu'elle fabrique dans ce qui est à l'époque la plus grande usine du monde: 5000 employés. Le modèle est proche de celui des fabricants de meubles en kit: en plus des classiques canapés et armoires, le catalogue compte plusieurs références de tables de ping-pong, de grands portiques, de balançoires et… de bateaux!

En parallèle à la vente par correspondance, Manufrance gère 8 magasins dès 1906 et 15 juste avant le début de la Grande Guerre. Et le modèle est déjà copié par des entreprises comme Les 3 Suisses ou La Redoute.

>> Pour aller plus loin en écoutant l'émission "Les e-commerçants n'ont rien inventé" :

E-commerce. [Fotolia - Maksym Yemelyanov]Fotolia - Maksym Yemelyanov
Paléofutur: Les e-commerçants n’ont rien inventé / Paléofutur / 22 min. / le 28 juillet 2018

Quand Amazon et Alibaba ouvrent des magasins physiques

La Vente Par Correspondance évoluera avec son temps. Commandes par courrier, puis par téléphone, puis par Minitel, jusqu'à ce qu'arrive une nouvelle génération appelée "e-commerçants", des entreprises qu'on ne présente plus aujourd'hui.

En 2015 et contre toute attente, Amazon et Alibaba ouvrent leurs premiers magasins physiques. Comme quoi si internet a globalisé les échanges et obligé les commerçants à suivre les clients sur de nouveaux canaux, hier comme aujourd'hui les fondamentaux du commerce restent les mêmes: offrir un service rapide, des prix compétitifs, pour, finalement, réussir à capter les clients partout là où ils se trouvent.

Laurent Haug, Emmanuelle Vuillequez et Tania Chytil

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