Le premier document crypté connu a été retrouvé vers 1600 avant JC sur une tablette d’argile irakienne: une recette de poterie écrite avec des lettres manquantes et une orthographe modifiée. Histoire que personne ne puisse se l'approprier.
Du scytale au tatouage crânien
700 ans avant notre ère, les Grecs inventent le scytale, sorte de grip de raquette qu'on enroule sur un bâton pour aligner des lettres, qui font apparaître le message secret. La technique babylonienne popularisée par Nabuchodonosor est, elle, plus lowcost et… irréversible. Elle consiste à tondre un esclave et tatouer un message sur son crâne, avant de l'envoyer à destination une fois les cheveux repoussés. Un procédé déconseillé en cas d’urgence!
Puis arrivent les premiers rudiments de cryptage, notamment la substitution inversée de lettres chez les hébreux. Avec le temps, les techniques évoluent et les premières machines apparaissent.
Le grand et le petit chiffre de Louis XIV
Louis XIV lance les services du "grand" et du "petit chiffre", deux niveaux de codage différents qui sont appliqués selon la sensibilité des informations. Et quel que soit le système, celui qui se protège veut dans le même temps profiter des informations des autres.
Tout comme internet ou le GPS de nos jours, des technologies d'abord réservées à l'armée s'ouvrent au secteur privé. Là aussi, des petits malins cherchent les failles. Par exemple, au début du 19e siècle, François et Louis Blanc, deux jumeaux qui gagnent leur vie en boursicotant, trouvent moyen de pirater le réseau de sémaphore. Résultat: quand leurs concitoyens reçoivent l'information que le marché baisse, eux savent qu'il monte, et les frères s'en mettent plein les poches.
Au fur et à mesure de son apparition, chaque nouvelle technologie apporte son lot de nouvelles possibilités et de nouvelles failles. Télégraphe, téléphone, fax, e-mail, messagerie instantanée, l'information devient de plus en plus rapide mais ne peut échapper à une loi fondamentale: tout ce qui est écrit peut-être lu. La sécurité absolue existe, certes, à condition de ne rien stocker.
Encore une chose: pendant la Première Guerre mondiale, sachant que les Allemands avaient cassé ses codes de communication, l'armée américaine a fait appel à des Amérindiens s’exprimant dans une langue connue d'eux seuls. Comme quoi, ce n'est pas forcément la complexité qui fait la valeur d'un cryptage!
Laurent Haug, Emmanuelle Vuillequez et Tania Chytil