L'appropriation culturelle
Lʹutopie de la World music (1/5)
Le Benga est une musique populaire kenyane qui a plu à Alan Marzo et Carl Ahnebrink, les Neuchâtelois du label Flee. Lors dʹun voyage sur place, ils se sont offert les droits de réédition de trois morceaux composés à la fin des années 70. Sur un vinyle richement documenté, ils en proposent de nouvelles versions remixées par des musiciens occidentaux. Peut-on sʹemparer de la musique dʹautrui, sans tomber dans les pièges du néo-colonialisme? Les musiques, les mélodies, les traditions sont-elles un matériau de création universel? Alan et Carl soumettent leur disque au disquaire et musicien Victor Françoise, et à Yann Laville, co-directeur du Musée d'Ethnologie de Neuchâtel et spécialiste des travers de la World music.
Bihor contre Dior (2/5)
Pour sa collection automne-hiver 2017, Dior a copié un gilet traditionnel de la région de Bihor, en Roumanie. La maison de haute couture le vend à un prix exorbitant, sans mentionner son origine. En Transylvanie, l'affaire scandalise des artisans-es. À Bucarest, le magazine de mode Beau Monde et l'agence de publicité McCann ont décidé de sʹemparer du débat et ont lancé la plateforme Bihor Couture.
Holi soit qui mal y pense (3/5)
Dans une grande explosion de poudre multicolore, la compagnie marseillaise Artonik s'approprie le meilleur de la fête sacrée hindoue Holi, dans un spectacle célébrant l'amour et le refus de l'exclusion. Pour ces artistes de rue programmés par le festival La Plage des Six Pompes à La Chaux-de-Fonds, si l'échange culturel avec l'Inde n'a certes pas eu lieu, le métissage reste une pratique vertueuse. Mais comment leur spectacle est-il perçu par des membres de la communauté indienne de Suisse romande?
Les cultures ne sont pas des costumes (4/5)
Annia Drawing est une artiste afro-féministe qui se bat contre les marques de racisme et dʹappropriation culturelle dans lʹespace public. Offensée quand des blanches se griment en Africaine ou quand un café-théâtre lyonnais fait son enseigne d'un visage de tirailleur sénégalais caricatural, elle réagit par la peinture dans son exposition "Je ne suis pas un déguisement". Loin de ces préoccupations politiques, une fête des jeunesses campagnardes vaudoises s'inspire du Japon avec candeur.
Les traditions face à la loi (5/5)
Il faut s'armer de patience à l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, où le comité IGC cherche un compromis depuis dix-huit ans. Son but: élaborer des outils juridiques pour protéger les ressources génétiques, les savoirs et expressions culturelles traditionnelles. Dans lʹhémicycle, la question de l'appropriation culturelle s'inscrit dans des enjeux géopolitiques majeurs, dont dépend la survie de nombreuses communautés autochtones.
Un copyright sur les cultures?
Les échos de Vacarme
L'appropriation culturelle, cʹest lʹutilisation par les membres d'une culture dominante ou hégémonique des expressions culturelles d'une culture minoritaire ou dominée. Danses, chansons, coupes de cheveux, habits, vocabulaire, luttes sociales peuvent se trouver au cœur de cette récupération. A-t-on le droit de jouir de l'identité de l'autre? À qui appartiennent les expressions culturelles? Où se trouve la différence entre inspiration et accaparement? Quelles sont les conséquences de ces emprunts pour les personnes issues des communautés historiquement colonisées? Comment tenir compte des revendications des peuples autochtones sans perdre sa liberté et sa créativité?
INVITES:
- Iulia Hasdeu, Docteure en anthropologie
- Mathieu Bock-Côté, Sociologue, enseignant, essayiste et chroniqueur québécois