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"L'Homme au serpent" d'Auguste Rodin

"L'Homme au serpent" d'Auguste Rodin (1887). Fonte, 69 x 55 x 29 cm. Don anonyme, 2015. [Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne - Nora Rupp]
"L'Homme au serpent" d'Auguste Rodin (1887). Fonte, 69 x 55 x 29 cm. Don anonyme, 2015. - [Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne - Nora Rupp]
Tous les mois, RTSdécouverte vous propose, petits et grands, de découvrir une œuvre du Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, du Musée de l'Elysée ou du Musée de design et d'arts appliqués contemporains de Lausanne - le mudac –, des institutions vaudoises appelées à se regrouper pour former le futur quartier culturel lausannois Plateforme10. En ce mois de novembre 2016, le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne vous présente une sculpture d'Auguste Rodin.

Voici "L'Homme au serpent", une sculpture en bronze de 69 cm de haut d'Auguste Rodin, datée de 1887. Cette œuvre est étroitement apparentée à "L'Homme qui tombe" (vers 1883), une figure accrochée au linteau* de la "Porte de l'Enfer", commande de l'Etat français pour le Musée des arts décoratifs de Paris.

Représentant une lutte contre la mort, l'œuvre est inspirée à Rodin par les combats des damnés contre les serpents décrits par Dante dans "L'Enfer". Ce bronze n'existe qu'en un unique exemplaire et constitue dès lors une œuvre exceptionnelle. Disparue pendant un siècle, elle a été donnée par un anonyme au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne en 2015 et fait dorénavant partie des collections vaudoises. Actuellement, l'œuvre est exposée au Musée Rodin à Paris dans le cadre de l'exposition "L'enfer selon Rodin".

Pour en savoir plus, lire "L'Homme au serpent" d'Auguste Rodin.

RTSdécouverte/Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

* Traverse horizontale de bois, de pierre ou de métal, formant la partie supérieure d'une porte, d'une fenêtre et qui soutient la maçonnerie, selon la définition du Trésor de la langue française informatisé.

Voici une vidéo qui explique la technique de la fonte à la cire perdue:

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Brève biographie d'Auguste Rodin

Né dans une famille modeste à Paris, Auguste Rodin entre à l'âge de 14 ans à l'École spéciale de dessin et mathématique (future École des arts décoratifs). Il y étudie le dessin, puis rejoint une classe de sculpture où son talent pour le modelage est remarqué. Il échoue pourtant à trois reprises au concours d'entrée de l'École des beaux-arts en section sculpture, et doit gagner sa vie en travaillant comme sculpteur-ornemaniste, notamment dans l'atelier de Carrier-Belleuse. En 1877, Rodin modèle sa première œuvre majeure, "L'Âge d'airain"; on l’accuse d'avoir moulé sa figure sur nature. C'est dans les années 1880 qu'il rencontre le succès avec la commande, par l'État français, d'une porte pour le futur musée des arts décoratifs, la "Porte de l'enfer". En 1883, il fait la connaissance l’artiste Camille Claudel et réalise le Buste de Victor Hugo. Il a quarante-cinq ans lorsque la municipalité de Calais lui commande le Monument des Bourgeois de Calais. Rodin dirige plusieurs ateliers et devient notamment membre fondateur de la Société nationale des Beaux-Arts. Après avoir fait scandale avec son Monument à Balzac jugé trop novateur – il est refusé par ses commanditaires, les membres de la Société des gens de lettres, et ne sera présenté au public que bien des années plus tard –, il expose en 1904 "Le Penseur" à la Société internationale de Londres, puis au Salon de Paris. Son œuvre est ensuite présentée dans le monde entier (Berlin, Tokyo, New York). Rodin meurt à Meudon en 1917, quelques mois après avoir épousé Rose Beuret, sa compagne pendant plus de 50 ans.

La sculpture en bronze

Les sculptures en bronze de Rodin sont réalisées selon la technique de la fonte à la cire perdue. Les mouleurs prennent l’empreinte de l’œuvre originale en plâtre dans un lit de matériau élastique rigidifié par un moule extérieur plus résistant. À l’aide de ce moule, on réalise un noyau en ciment réfractaire. On referme ensuite le moule sur le noyau, et dans le vide ainsi créé, on coule la cire dont l’épaisseur correspond à celle du bronze au final. Le moule est ouvert et l’on opère sur le modèle en cire de petites retouches ; l’artiste peut signer, on grave le numéro du tirage et le cachet de la fonderie. Puis on installe un réseau de conduits par lequel la cire liquéfiée s’écoulera pour laisser la place au bronze. La surface de la cire et des conduits est recouverte d’une enveloppe de terre réfractaire, la chamotte: c’est le moule de coulée qui est introduit dans un four après séchage. La température monte et la cire liquéfiée s’écoule. Le moule, renforcé par un manteau extérieur de sable, est descendu dans la fosse de coulée. Le bronze en fusion (1’200 degrés) est versé dans le bassin de coulée et s’écoule. Lorsque le bronze est refroidi, on brise le moule, puis on évide la fonte en émiettant le noyau réfractaire. Au final interviennent les ultimes travaux: la ciselure et la patine.