Une chose est sûre, officiellement, les musulmans ne fêtent pas Noël! Pour eux, la naissance de Jésus Christ n’a jamais été considérée comme le début d’une nouvelle ère. C’est l’année d’exil du Prophète Mahommet à Médine, en 622 de l’ère chrétienne, qui marque le début de leur histoire.
Mais selon Ahmed Benani, politologue et anthropologue des religions, célébrer la naissance de Jésus ne poserait pas de problème. Rien, d’après le Coran, ne l’interdirait si les musulmans voulaient le faire. D’ailleurs, en Europe, Noël est parfois célébré par les musulmans, non pas comme fête religieuse mais comme fête païenne et commerciale: les cadeaux, le sapin et le Père Noël (voir à ce sujet l’interview de David Haminovic sur le "Chrisnouka" chez les juifs nord-américains).
De plus, dans certains pays du Maghreb, les musulmans sunnites* profitent d’ACHOURA (deux jours de jeûne purificateur) pour acheter des cadeaux aux enfants et fêter en famille.
Un calendrier lunaire
Le calendrier grégorien utilisé par une grande partie des chrétiens (voir notre interview de l’Archimandrite Jean Renneteau) est solaire. Celui employé par l’islam est lunaire. La grande différence est que l’année lunaire est plus courte que l’année solaire (354 ou 355 jours au lieu de 365). Elle contient le même nombre de mois mais ils sont plus courts: ils ne comptent que 29 ou 30 jours. Les semaines comprennent aussi sept jours mais le jour le plus important est le vendredi. Les croyants se rassemblent à la mosquée pour prier ensemble. Les fêtes musulmanes sont fixées en fonction du calendrier lunaire.
Le fête du sacrifice et la fête du mouton
L’année musulmane lunaire comporte deux fêtes majeures: la petite fête et la grande fête. La petite fête marque la rupture du jeûne à la fin du Ramadan: c’est l'Aïd-el-Fitr qu’on appelle aussi "fête du sacrifice". La grande fête, Aïd el-Adha ou Aïd el-Kebir ou encore "fête du mouton", dure trois à quatre jours selon les traditions.
Le jour de célébration de l'Aïd el-Kebir, la fête du mouton, varie selon le moment où la pleine lune est observée. Officiellement, elle est célébrée le dixième jour du dernier mois de l'année musulmane. En 2011, c’était le 6 novembre (ou le 7 suivant les pays). Cette fête commémore le sacrifice que Dieu demanda à Abraham pour éprouver sa foi - celui de sacrifier son fils. Il l’épargna au dernier moment en remplaçant son fils par un bélier. Dans le monde entier, les musulmans apportent des offrandes d’animaux, à l’instar du sacrifice d’Abraham. Le tiers de la viande est distribuée aux pauvres, le reste est mangé en famille. C'est la plus grande fête religieuse de l'année, en tant que symbole de Foi et d'obéissance à Dieu. Elle marque aussi la fin du mois de pèlerinage à la Mecque qui commence 28 jours plus tôt.
Tania Chytil, avec la collaboration d’Ahmed Benani
* Le sunnisme est le courant religieux majoritaire de l’islam. Sa vision de la religion est plus souple que celle des chiites.