Haïti fut riche du 17 siècle au 19 siècle. Le pays a-t-il manqué des occasions de se sortir du marasme?
"Il ne faut pas oublier que cette richesse reposait sur l'esclavage et sur la violence extrême que l'homme peut exercer sur l'homme. C'est justement à cause de cette richesse qu'étaient exploités des êtres humains, réduits à moins que des animaux. Ils n'avaient aucune existence si ce n'est leur force de travail qui servait à alimenter le capitalisme français. Haïti a effectivement été une perle, mais une perle qui était pour les hommes qui travaillaient un enfer. Eric Williams disait qu'il n'arrivait pas à comprendre comment un produit aussi sucré et aussi doux que le sucre pouvait être aussi amer pour ceux qui oeuvraient à sa production.
Une main-d'oeuvre basée sur l'esclavage
Il y a effectivement peut-être eu des opportunités manquées. Notamment après l'indépendance, avec le choix du projet. Il y en avait deux. Le projet de ceux qui avaient mené la guerre, qui voulaient reproduire le système des plantations. Et celui des esclaves, qui rêvaient de propriété, de justice et d'égalité. Or la plantation produisait des richesses parce qu'elle était basée sur l'esclavage. Avec la proclamation de l'indépendance et l'abolition de l'esclavage, la main-d'œuvre est venue à manquer, tout comme le marché, le capital et la technologie dans le domaine du sucre, très avancée pour l’époque. Beaucoup des colons sont partis. La culture de la canne à sucre et l'industrie sucrière à Cuba a commencé à fleurir."
Propos recueillis par Tania Chytil
Les autres questions de cet entretien:
1. Comment définir l'histoire d'Haïti?
2. Les grandes blessures d'Haïti - La dette de l'indépendance