De James Schwarzenbach à Roger Köppel en passant par Christoph Blocher ou Natalie Rickli, portraits des figures de proue du populisme suisse d'hier et d'aujourd'hui.
James Schwarzenbach: l'intellectuel précurseur
Né en 1911 dans une famille de la haute bourgeoisie zurichoise, James Schwarzenbach étudie l'histoire à Zurich, Paris et à Fribourg où il obtient son doctorat. Dès 1947, il dirige les éditions Thomas à Zurich. Il collabore ensuite à divers journaux et publie plusieurs ouvrages historiques et biographiques, notamment sur François Mauriac. En 1967, il est le seul élu de l'Action nationale au Parlement.
Il lance une initiative contre "l'emprise étrangère" qui est rejetée le 7 juin 1970 par 54% des suffrages populaires contre 46%. L'ensemble des partis politiques, les associations patronales et syndicales et tous les corps constitués s'opposent au texte. Il fonde ensuite le Parti républicain et siège au Conseil national jusqu'en mars 1979. Il meurt le 27 octobre 1994.
Christoph Blocher: le patriarche omnipotent
Si vous êtes seul, dans l'opposition, il faut avoir un style provoquant pour amener les thèmes!
Le 9 mai 2014, Christoph Blocher annonce qu’il quitte le Conseil national pour ne plus"gaspiller de temps au Parlement". Pas question de retraite à 73 ans. Si le patriarche de l'UDC clôt une présence de 35 années sous la Coupole, entrecoupée d'une charge de quatre ans au Conseil fédéral, il n'abandonne pas pour autant le combat politique. Il veut se concentrer sur sa lutte contre la politique européenne à travers les votations... comme il l'a toujours fait depuis ses débuts.
La stratégie du recours systématique au peuple est au coeur de l'ADN politique du tribun zurichois qui, par ses provocations et sa défiance permanente envers la culture helvétique du compromis, a profondément bouleversé les moeurs sur la scène politique fédérale.
En 1986, il crée l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) pour faire échec à la tentative d’adhésion de la Confédération à l'ONU. Ce succès sera le premier d'une longue série de référendums ou d'initiatives populaires ancrant la voie solitaire de l'"Alleingang" de la Suisse dans le concert des nations.
Profondément libéral sur le plan économique et conservateur sur les questions de société, Christoph Blocher a acquis, grâce à son entreprise EMS Chemie, une fortune considérable qui lui a permis de financer ses nombreuses campagnes politiques.
En trois décennies de vie politique, l'un des rares échecs de Christoph Blocher restera son éviction, à la surprise générale, du Conseil fédéral en 2007.
En 2019, il exerce encore, à 78 ans, une grosse influence sur la marche de l'UDC, n'hésitant pas à prendre la parole pour fustiger les erreurs de son parti.
Roger Köppel: le fils spirituel
Il faut rester sceptique contre Trump, il faut rester sceptique contre les politiques, moi y compris!
En 2015, Roger Köppel entre au Conseil national. En se présentant dans le très peuplé canton de Zurich, il devient alors le candidat le mieux élu de toute l'histoire de la politique suisse, avec 178'000 voix. Pourtant, il figurait seulement à la 17e place de la liste UDC avec, pour tout bagage politique, six mois d'expérience... C'est dire l'aura du rédacteur en chef et éditeur de la Weltwoche dans l'espace public alémanique.
Lors des élections fédérales de 2019, La carrière de l'UDC zurichois connaît son premier coup d'arrêt. S'il est facilement réélu au Conseil national, Roger Köppel abandonne la course au Conseil des Etats.
Licencié en sciences politiques, Roger Köppel a débuté comme journaliste sportif à la NZZ puis oeuvré comme spécialiste de cinéma avant de reprendre la Weltwoche et d'en changer la ligne éditoriale. Il a aussi été rédacteur chef du quotidien allemand Die Welt.
Sur le plan idéologique, le nouveau conseiller national s'inscrit parfaitement dans la ligne de Christoph Blocher dont il pourrait devenir l'héritier.
Natalie Rickli: la fille d'acier
La conseillère nationale zurichoise fait ses premiers pas à en politique à l'âge de 19 ans comme fervente opposante à loi sur l'assurance maternité, en 1999. Elue au législatif de sa ville de Winterthur à 25 ans. Tout s'accélère en 2007 pour la jeune femme qui a tapé dans l'oeil de Christoph Blocher. Il la lance avec succès dans le grand bain des élections fédérales.
En 2011, elle devient même la parlementaire la mieux réélue de Suisse devant... son mentor. Son premier cheval de bataille sous la Coupole concernera le renvoi des criminels étrangers. En 2015, elle devient la cheffe de file des opposants à la redevance et au service public. Dans le privé, Natalie Rickli a travaillé chez Goldbach, une entreprise qui commercialise la publicité des chaînes privées suisses et étrangères.
En mars 2019, elle est élue au Conseil d'Etat du canton de Zurich.