Depuis qu'il est sur terre, l'homme y laisse des traces, voulues ou non, qui permettent d'en dessiner l'histoire. L'invention de l'écriture préserve la mémoire et permet de rédiger des histoires individuelles. Plus l'époque est récente, plus il y a de traces disponibles. Les archives ont été constituées pour laisser des preuves. Le geste s'efface, l'écrit reste. À l'époque de Magellan, l'Europe est dominée par l'écriture. Les grandes explorations sont financées par des États, en l'occurrence par Charles 1er, roi d'Espagne et futur Charles-Quint. Importantes et coûteuses elles laissent des traces dans les archives du royaume. Magellan naît juste après l'invention de l'imprimerie, une révolution humaine qui provoque la multiplication des écrits. Mais surtout, déjà à l'époque, les grandes explorations font rêver; celle de Magellan n'y échappe pas. L'Italien Antonio Pigafetta participe à son voyage et en rédige la chronique la plus complète. C'est une sorte de journal de bord, qui témoigne des étapes de cette circumnavigation. Les premières études sérieuses sur Magellan remontent au XIXe siècle, notamment une biographie, au Chili, par Barros Arana. Toutes les archives disponibles concernant l'expédition seront publiées au début du XXe siècle permettant aux historiens d'échafauder de nouvelles hypothèses pour tenter d'éclairer certaines zones d'ombre.