Bonjour Nathan,

C'est une question que beaucoup de collègues me posent ces jours, cela revient à demander à quoi sert le classement des sites palafittiques de l'Arc alpin, dans un pays, comme la Suisse, qui possède déjà des lois efficaces relatives à la protection du patrimoine archéologiques et en général bien appliquées.

Le premier bénéfice de cette candidature, avant même qu'elle ne soit acceptée, a été la collaboration qui s'est installée entre les préhistoriens de six pays pour réaliser le dossier de candidature. Chaque site a été décrit de manière simplifiée mais homogène, ce qui a abouti à une base de données de plus de 750 sites littoraux parmi les mieux conservés et les plus significatifs pour cette période. Ensuite, il faut tout de même avouer que le " label UNESCO ", reconnu au niveau mondial et national, fourni une garantie de pérennité et de protection des vestiges, qui dépasse largement la seule responsabilité des cantons, provinces ou départements qui en ont la charge. Mais tout cela ne va pas donner aux archéologues plus de moyens pour étudier ces sites.

En fait la retombée la plus marquante va assurément se trouver au niveau de la présentation et de la valorisation auprès du public, ce qui est une exigence de l'UNESCO. Les sites littoraux des pays de l'Arc alpin souffrent d'un grave défaut : ils ne sont pas visibles, ils sont conservés sous les eaux des lacs ou encore enfouis sous des limons dans des zones marécageuses. Les seuls moments où ils sont apparents, c'est lorsqu'ils sont en train d'être fouillés, donc détruits. Pour les présenter et les faire connaître, il faut donc plutôt miser sur des expositions, des reconstitutions de villages ou de scènes de la vie préhistoriques ou encore organiser des visites guidées sur le terrain, qui permettent de replacer ces anciens villages dans leur contexte de l'époque, en expliquant le paysage ancien et la manière dont les préhistoriques se sont adaptés à leur environnement. C'est peut-être à ce niveau que l'impact sur le public sera le plus évident car leur conservation exceptionnelle permet d'aborder des questions environnementales qui touchent aussi notre époque et permettent de nous questionner sur notre rapport avec la nature.