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L'immigration italienne en Suisse

Visite sanitaire obligatoire aux frontières pour les travailleurs étrangers. [RTS]
Arrivée en garde de Brig - [RTS]
Par sa proximité et son robuste marché de l'emploi, la Suisse attire les ressortissants italiens depuis longtemps déjà. Malgré des fluctuations à travers les années, ils restent la plus grande communauté étrangère du pays et leur nombre va croissant. Bref historique chiffré.

En 1888, le recensement fédéral fait état de 41'881 Italiens établis en Suisse, un chiffre qui passe à 202'809 en 1910. La Première Guerre mondiale (1914 à 1918) fera baisser les effectifs: les transalpins ne sont plus que 134'628 en 1920.

Besoin de main d'oeuvre
Dans les années 1950, on lance en Suisse de grands chantiers: barrages, routes, tunnels... Et la main d'oeuvre manque. On fait donc appel à des travailleurs étrangers dont de nombreux Italiens, principalement originaires du sud du pays.  (voir reportage ci-dessous)

Des ouvriers peu ou pas qualifiés arrivent alors en masse. Entre 1950 et 1970, le nombre d'Italiens travaillant en Suisse est multiplié par quatre, passant à 583'855. A l'époque, ils représentent 54% de la population étrangère du pays.

Les saisonniers

Une vie à la dure
On leur impose à la frontière un examen médical humiliant. Ils habitent souvent des baraquements sommaires et exercent des métiers difficiles, voire dangereux. En 1965, sur les 88 victimes de l'accident du barrage de Mattmark (Valais), 56 étaient italiennes. En outre, leur statut de saisonniers ne les autorise à rester en Suisse que neuf mois par an et ils n'ont pas le droit de travailler lorsqu'ils rentrent en Italie.

Les familles de ces immigrants ne peuvent pas, légalement, s'établir en Suisse avec eux. Certaines viennent malgré tout et vivent le plus discrètement possible. Dans les années 1970, des centaines d'enfants vivent cachés, sans pouvoir sortir ni être scolarisés. Ce sont "les enfants du placard". (voir reportage ci-dessous)

TP/Les enfants du placard
Les enfants du placard / Temps présent / 29 min. / le 19 novembre 2009

Les Italiens de Suisse aujourd'hui
Depuis 2007, on constate un nouvel afflux d'immigrés en provenance d'Italie. Ces nouveaux arrivants sont jeunes et souvent très qualifiés. Ils viennent en Suisse exercer des professions pour lesquelles ils ne trouvent pas de poste en Italie. Il faut dire que le chômage des jeunes y atteint 35%.

Sur les deux millions d'étrangers présents en Suisse en 2016, les Italiens formaient toujours la première communauté (15,1%), devant les Allemands (14,4%), les Portugais (12,8%) et les Français (6%).

Temps Présent: Il était une fois les migrants italiens. [RTS]
50 ans, les Romands dans l'oeil de Temps présent (4/5) - Il était une fois les migrants italiens / Temps présent / 55 min. / le 9 mai 2019

RTS Découverte / Franck Sarfati

Sources: Ofstat (Office fédéral de la statistique); swissinfo.ch; "Attitudes suisses vis-à-vis de l'immigration italienne après 1945"

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Le statut de saisonnier

Instauré en 1931, le statut de saisonnier (ou "permis A") prévoyait un séjour limité à la durée de la saison de travail, sans excéder neuf mois.

Les détenteurs de ce permis bénéficiaient de prestations sociales réduites, ils ne pouvaient pas changer d'employeur ni de domicile et leurs familles ne pouvaient pas les rejoindre en Suisse.

En cas de licenciement, un travailleur saisonnier italien devait retourner dans son pays d'origine où il n'avait pas droit à l'assurance chômage, ni à aucune autre prestation sociale.

Le statut de saisonnier a été aboli en 2002 lorsque la Suisse et l'Union Européenne (UE) ont signé un accord de libre circulation des personnes. Aujourd'hui, les ressortissants de l'UE/AELE (Association européenne de libre-échange) n'ont pas besoin d'autorisation si la période d'engagement ne dépasse pas 90 jours. Au-delà de 90 jours, une autorisation de séjour est nécessaire.

Les initiatives anti-étrangers

Plusieurs initiatives sont lancées, dès 1965, pour combattre ce qu'on appelle alors la "surpopulation étrangère". La première, proposée par le Parti démocrate du canton de Zurich, est refusée par le Parlement.

La deuxième, déposée en mai 1969, est l'oeuvre de l'Action nationale (extrême-droite) et plus particulièrement de son seul représentant au Conseil national: James Schwarzenbach. L'initiative propose de limiter le nombre d'étrangers à 10% de la population. En cas de succès, le texte aurait abouti au renvoi de 300'000 personnes. La proposition est rejetée en 1970 par 54% des votants.

En 1972, James Swarzenbach tente encore sa chance. Son initiative est refusée deux ans plus tard par 65,8% des votants. Trois autres tentatives de réduire le nombre d'étrangers en Suisse sont faites en 1977, 1988 et 2000. Toutes trois sont également rejetées.