En 1934, alors qu'il n'a que neuf ans, le jeune Albert est victime d'un accident de la route dans la voiture de ses parents. Ce drame emporte son frère cadet et ses grands-parents paternels.
Lui-même en ressort défiguré, ce qui transforme pour longtemps sa perception du regard des autres qui, pensait-il, le méprisaient.
De 1943 à 1945, Albert Jacquard est en classe préparatoire aux grandes écoles dans un lycée versaillais. Les cours y sont perturbés par les actions de la police allemande. Pourtant, malgré la proximité des événements, il ne se sent pas concerné par la guerre et évoque de manière très lucide cette période troublée: "Par le passé, j’étais guidé par la soumission et le conformisme. J’avais une vingtaine d’années pendant la Seconde Guerre mondiale. C’était comme si elle se déroulait au loin. Je n’ai pas pensé un instant à entrer dans la Résistance. J’étais trop occupé à préparer Polytechnique. En 1961, je vivais tout près de l’endroit où des Algériens ont été jetés dans la Seine. Lorsque je l’ai appris le lendemain, j’ai eu honte. J’aurais pu prendre position, mais je n’ai pas bougé. Je suis resté du côté des salauds, ceux qui laissent faire, pendant deux décennies encore."
Élève très brillant, il entre en 1945 à l'École polytechnique dont il sort ingénieur en 1948. Il enchaîne alors avec un diplôme de l'Institut de statistiques. Entre 1966 et 1972, il ajoute à son CV un certificat de génétique (1966), un diplôme d’études approfondies de génétique (1968), un un doctorat d’université de génétique (1970) pour terminer avec un doctorat d’État en biologie humaine (1972). Ce parcours impressionnant lui vaudra d'être nommé expert en génétique auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 1973 à 1985.
Le travail d’Albert Jacquard lui a valu une reconnaissance nationale: il est nommé officier de la Légion d'honneur et commandeur de l'Ordre national du mérite en 1980 et reçoit le prix scientifique de la Fondation de France la même année, avant d’être nommé membre du Comité consultatif national d'éthique pour les scienes de la vie et de la santé.
Cette notion d'éthique a été au coeur des ses convictions, lui qui a milité durant une bonne partie de sa vie pour différentes causes. Parmi celles-ci, l'abandon du nucléaire au sujet duquel il affirme: "Le nucléaire, c’est un cadeau plus qu’empoisonné. Avec des déchets qu’on veut enfouir dans le sous-sol comme on glisse la poussière sous le tapis, mais pour un million d’années! Qu’il s’agisse du nucléaire civil ou du nucléaire militaire, les conséquences sont les mêmes: on est en train d’organiser le suicide à long terme de l’humanité. "
Albert Jacquard était également féru d'esperanto, cette langue internationale qu'il essaye de faire inscrire au programme du bac. Quoi de plus normal pour un humaniste comme lui d'espérer qu'un jour tous les hommes seraient capables de partager une même langue? Humaniste donc, mais aussi lucide lui qui affirmait: "Mon objectif, ce n'est pas de construire la société de demain, c'est de montrer qu'elle ne doit pas ressembler à celle d'aujourd'hui."
Albert Jacquard est décédé le 11 septembre 2013.
Crédits: RTS Découverte
Source: Wikipédia