L'argent, répondent certains philosophes, est ce qu'il est du fait de nos croyances. Autrement dit, ces papiers rectangulaires sur lesquels figure le portrait d'Alberto Giacometti ne seraient pas des billets de banque d'une valeur de 100 francs suisses si nous n'entretenions pas à leur égard la croyance qu'ils sont des billets de banque d'une telle valeur.
Mais si nos croyances jouent un rôle essentiel dans l'existence de l'argent, est-ce à dire que l'argent n'existe que dans nos têtes? N'y a-t-il aucune différence entre les liasses de billets qu'imprime la Banque nationale suisse, d'un côté, et les licornes ou Guillaume Tell, de l'autre?
Nous montrons que l’argent ne dépend qu'en partie de nos croyances. D'abord, nos croyances ne rendent pas vraie la fausse monnaie. Nous ne sommes pas maîtres, ensuite, de ses attributs. Il lui arrive, enfin, de circuler à l’insu de ceux qui l’utilisent.
Emma Tieffenbach, "Qu'est-ce que l'argent?", tiré du livre Aristote chez les Helvètes, Ithaque 2013.