Pour répondre à cette question, il faut d’abord revoir les concepts généraux des HLA ou "Human Leukocyte Antigen". Les molécules HLA lient des fragments protéiques (les peptides) issus de la dégradation des protéines qui se fait à l’intérieur de la cellule. Suite à cette liaison, la molécule HLA et le peptide qu’elle a lié sont transportées à la membrane de la cellule. La molécule HLA porte ces peptides vers la surface de la cellule pour les rendre "visibles" aux autres cellules. La molécule HLA sert donc à "présenter" les peptides.
Grace aux molécules HLA, le système immunitaire reconnait si une infection extracellulaire (par exemple causée par une bactérie qui se réplique en dehors de la cellule) ou intracellulaire (comme un virus qui se réplique à l’intérieur d’une cellule) est en cours. Ceci est possible car il existe deux types de molécules HLA: l’HLA-1 et l’HLA-2. L’HLA-1 est seulement capable de lier les peptides issus de la dégradation des protéines d’origine intracellulaire (le virus de notre exemple!); l’HLA-2 peut lier uniquement des peptides issus de la dégradation de protéines qui se trouvent eu dehors de la cellule (l’exemple de la bactérie extracellulaire!). Cette discrimination est l’évènement clé qui permet au système immunitaire de monter une réponse appropriée, c’est à dire une réponse différente suivant si le pathogène se trouve à l’extérieur ou à l’intérieur des cellules. Dans le premier cas, le système immunitaire favorisera la production d’anticorps; dans le deuxième cas, il favorisera la production de cellules tueuses qui ont pour but d’éliminer les cellules infectées par le pathogène intracellulaire.
Mais comment une bactérie ou un pathogène extracellulaire peut être dégradé et présenté par l’HLA-2, si la dégradation se fait à l’intérieur de la cellule ? Ceci est possible car certaines cellules peuvent reconnaître et lier sur leurs récepteurs spécifiques des pathogènes extracellulaires (comme les bactéries de notre exemple). Après liaison, le pathogène extracellulaire est internalisé par ces cellules (processus dit de phagocytose) et dégradé à l’intérieur de ces cellules en petits peptides qui seront ensuite «présentés» à la surface en complexe avec l’HLA-2. Ces mêmes cellules sont aussi capables d’internaliser de façon non spécifique du matériel extracellulaire (processus dit de pinocytose) et de présenter sur les HLA-2 les peptides qui dérivent des protéines se trouvant dans le matériel extracellulaire internalisé. Ces deux aspects garantissent une excellente «surveillance» de l’espace extracellulaire.
Seules (majoritairement) les cellules de l’immunité peuvent internaliser du matériel extracellulaire, car elles sont spécialisées dans la détection des pathogènes, y compris les pathogènes extracellulaires. Et c’est plus particulièrement le cas des cellules «présentatrices professionnelles de l’antigène», comme les cellules dendritiques et les macrophages. L’HLA-2 ne se trouve donc que sur ces cellules, car elles sont les seules qui peuvent reconnaitre et internaliser de façon efficace un pathogène extracellulaire. Les cellules de l’immunité qui présentent un peptide issu d’un pathogène sur leur HLA-2 activent une population de lymphocyte T (dite "T helper") qui va instaurer une réponse immunitaire dirigée vers la production d’anticorps et ayant pour but l’élimination du pathogène extracellulaire.