La discrimination sociale apparaît du fait que nous avons tendance à percevoir les individus en fonction des groupes auxquels ils appartiennent (catégorisation sociale). Cette perception est par définition erronée, ou biaisée, mais elle est souvent inconsciente et répond à deux besoins psychologiques. D’une part, elle nous aide à simplifier la complexité du contexte social en expliquant le comportement d'une personne sur la base de caractéristiques attribuées à son groupe (stéréotype). D’autre part, elle nous permet de porter un jugement positif sur les groupes auxquels on appartient, en se comparant à d'autres groupes auxquels on n'appartient pas. En conséquence, la catégorisation sociale amène souvent à de la discrimination.

Pourquoi les roux? La catégorisation sociale se fait souvent sur la base de caractéristiques qui sont particulièrement visibles et valorisent au mieux son groupe d'appartenance. Avoir les cheveux roux étant plus rare que d'être blond ou brun (mais cela est bien moins vrai en Ecosse ou en Irlande), cet attribut devient un critère distinctif important, tout comme le sont le genre, l'origine, la couleur de la peau, ou la manière de s’habiller, qui tous s'accompagnent de stéréotypes et peuvent déboucher sur certaines formes de discrimination.

Néanmoins, il est important de savoir que ces dynamiques de catégorisation et de différenciation entre groupes ne relèvent pas toujours de la discrimination et ne se traduisent pas nécessairement en une source de stigma ou de malaise. Par exemple, beaucoup de roux apprennent aussi à apprécier leur ‘différence’ comme un aspect important et positive du soi. De même, des recherches sur les stéréotypes montrent que, si les roux peuvent être perçus comme ayant un tempérament chaud, impétueux et sauvage, on peut en même temps les juger comme compétents et intellectuellement supérieurs (et même se teindre les cheveux pour leur ressembler).