Pas tout à fait. Une hérédité épigénétique signifie que certaines informations quant à "l'état d'activité" des gènes sont transmises d'une génération à la suivante, mais que cet état est réversible. Par exemple, quand elles sont attaquées par des chenilles, certaines plantes produisent des épines ou des mécanismes de défense. Chez un certain nombre d’espèces, il a été constaté que les défenses développées chez des plantes ayant été affectées par des chenilles au cours de leur vie se retrouvaient chez leurs descendants sans que ces derniers n’aient eux-mêmes subi d’attaque de la part de ces herbivores. Ces différences au niveau des caractéristiques des plantes n'impliquent pas de changements d'ADN en soi, d'une génération à une autre. En fait, ce qui change, c’est plutôt "quels fragments d'ADN (les gènes) sont activés", et "à quel point ceux-ci sont ensuite exprimés".
Certes, nous pouvons donc affirmer que certaines "caractéristiques acquises" sont héritées, tel que Lamarck le pensait, mais l'effet est transitoire dans le cas où les signaux environnementaux ne renforcent pas ce signal à chaque génération. Par conséquent, l'hérédité épigénétique n'est pas le type d'hérédité génétique que Lamarck avait à l'esprit lorsqu'il avait formulé sa théorie. L'étape d'hérédité est un élément essentiel de la théorie de Lamarck: un caractère est développé et mis en place car il est utile, et une fois qu'il a été développé, il est transmis. Sans ce type très clair et défini d'hérédité, la théorie de Lamarck est impossible; et l'hérédité épigénétique ne correspond pas à cela vu qu'elle est transitoire et réversible.
Veuillez tout de même noter que dans le cas de Darwin, c'était quasiment le contraire: il était dans le faux quant à sa manière de considérer l'hérédité des caractères, mais cela dit, cela n'empêche pas sa théorie d'identifier correctement les processus à l'origine de l'évolution des espèces.
Cette réponse a été fournie par la partie publique de Lausanne, capitale de l’évolution dans le cadre du congrès de ESEB (Société européene pour la biologie évolutive) et traduite de l’anglais par Chloé Larose doctorante du département d’écologie et évolution, Université de Lausanne